Un coup de théâtre qui n’en était pas vraiment un. Lundi de la semaine dernière, à la veille du vote par le Parlement britannique du projet d’accord sur le Brexit, la Première ministre Theresa May a repoussé ledit vote. Il n’aura finalement pas lieu avant début 2019.

Si elle a justifié ce report par la volonté de négocier à nouveau le texte à Bruxelles, elle n’avait en réalité guère le choix. Dans le contexte de défiance auquel elle fait face, au sein même de son propre camp, le rejet du projet d’accord paraissait inévitable.

D’autant plus inévitable que T. May a été, dans la foulée, confrontée à un vote de défiance des députés de son propre parti, vote qu’elle a finalement emporté plus largement que prévu. Seuls 117 députés lui ont signifié leur hostilité, alors que 159 voix étaient nécessaires pour la destituer.

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Cette victoire ne signifie pas pour autant qu’il sera plus facile pour Theresa May de faire valider par le Parlement le projet d’accord avec l’Union européenne. D’autant que le lendemain (jeudi dernier), la rencontre avec ses homologues européens a mal tourné.

Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a résumé la situation on ne peut plus sarcastiquement : « J'ai parfois des difficultés à comprendre ma propre psychologie. J'ai encore plus de difficultés à comprendre les états d'âme des députés britanniques ». T. May était venue à Bruxelles pour obtenir des « assurances » supplémentaires.

Elle aurait notamment demandé que le dispositif de backstop* ne dure qu’un an. Une demande à laquelle les dirigeants européens ont opposé une fin de non-recevoir.

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Il reste désormais trois solutions : la prolongation de l'article 50 (période de négociation pré-Brexit), un accord bipartisan sur le projet actuel ou un second référendum. La menace d'un second référendum, auquel les députés conservateurs eurosceptiques sont farouchement opposés, pourrait être un bon moyen de pression à la disposition de Theresa May pour forcer un accord.

L’incertitude reste néanmoins totale. Et le risque pour les marchés, très élevé.

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Olivier de Berranger est directeur de la gestion d'actifs à La Financière de l’Échiquier.

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* le backstop prévoit, pendant une période de transition et si aucun autre accord n’est trouvé, de maintenir le Royaume-Uni dans les règles du marché unique européen, notamment pour éviter le rétablissement d’une frontière physique entre les deux Irlande.