Qu’elles paraissent loin les années qui débutaient sans question sur les perspectives de croissance des États-Unis… constate Charles-Henri Kerkhove, directeur de l’allocation d'actifs chez Fidelity. Malgré les doutes persistants sur la santé chancelante de l’Europe ou le ralentissement chinois, la dynamique américaine avait jusqu’alors été un indéniable lot de consolation pour des investisseurs en mal d’inspiration.

Si cette époque n’est pas encore révolue, elle parait néanmoins sur le déclin. C’est en effet le sentiment que renvoient les premières publications de 2019. À commencer par l’ISM manufacturier tombé à 54 ,1 en décembre à son plus bas depuis novembre 2016 et enregistrant (d’un mois sur l’autre) son plus fort recul depuis octobre 2008 !

Simple passage à vide ? Début de décélération ? Il est bien sûr trop tôt pour en juger. Mais après bientôt dix ans d’une croissance ininterrompue – prolongée l’an dernier par la réforme fiscale - tout laisse à penser que l’économie américaine amorce désormais un atterrissage.

Tout comme ses entreprises qui, à l’instar d’Apple la semaine dernière, pourraient se prêter plus fréquemment à l’exercice des « warning ».

Après une fin d’année 2018 agitée, 2019 s’ouvre donc sans grande surprise sur un contexte morose outre - Atlantique – marqué de surcroît par un shutdown. Témoignage de ce désenchantement, le rendement du 10 ans américain est tombé la semaine dernière à 2 ,55 %.

Est-ce à dire qu’à peine entamée, l’année qui s’ouvre est déjà pliée ? Loin de là. En dépit des apparences, certains facteurs ne manqueront pas d’être des soutiens aux marchés dans les mois qui viennent.

D’une part, ce contexte devrait inciter la Fed à être plus conciliante, comme l’a laissé entendre Jerome Powell vendredi. Cet environnement sera, d’autre part, de nature à peser sur le dollar ce qui devrait profiter tant à l’activité qu’aux déficits américains.

Enfin, mus par l’intérêt commun de limiter leur ralentissement économique, tout porte à croire que la Chine et les États - Unis ne tarderont pas à enterrer la hache de guerre commerciale. C’est en tout cas les souhaits qui peuvent être formulés afin que 2019 soit, contre toute attente, une belle année.