Il est devenu impossible de trouver un assureur qui accepte une souscription 100% en fonds en euros !  « Ferrari du produit patrimonial », « véritable couteau suisse », « placement préféré des Français »… les superlatifs de manquent pas et pourtant l’assurance-vie connait une crise profonde de sa commercialisation et de son image.

Le Bon dira qu’il s’agit de protéger les rendements en évitant l’effet dilutif, et donc de préserver « la pépite » pour les anciens assurés.

La Brute quant à elle se cachera derrière Solvency 2 qui oblige à consommer et immobiliser beaucoup de fonds propres pour les investissements en euros

Le Truand de son côté se contentera d’expliquer que les UC sont quand même plus rémunératrices que le vieux fond en euros !

La vérité dans tout cela ? Tout le monde a raison bien sûr, mais comment expliquer ce sentiment de « gueule de bois » pour l’épargnant confronté à la baisse des rendements, la volatilité des marchés et l’interdiction aujourd’hui d’accéder pleinement à la garantie de son capital ?

Comment en est-on arrivé là ?

D’abord parce que les Français n’aiment pas le risque et cela est surtout lié à une culture économique et financière d’une navrante pauvreté…

Les habitudes ayant la vie dure, la collecte se fait encore à + des ¾ sur le fond en euros en 2018 alors que le rendement ne compense plus l’inflation, que des frais d’entrée viennent rogner le rendement et que la CSG pèse dans le résultat au fil de l’eau….

Et ce n’est pas en limitant, voir interdisant, la souscription en fonds en euros que l’on va progresser !

Que répondre à un client dont l’aversion au risque est totale ? Qui peut encore croire à la légende d’une l’allocation UC magique qui serait sensée remplacer le fonds en euros ?

Alors soyons sérieux : lorsque l’épargnant cherche la sécurité, finalement peu lui importe le rendement, surtout lorsque les marchés sont très volatiles et contre-performants.

La solution n’est pas non plus dans les fonds euro croissance pour lesquels l’engagement, pour des raisons de création de performance, doit s’étaler sur 10 voir 12 ans, plutôt que 8…

Mais pourquoi ne pas faire un moratoire sur l’effet cliquet et le taux moyen garanti ? et pourquoi pas tout simplement le taux des livrets réglementés (0,75%) pour les nouveaux versements pendant les 5 prochaines années, le temps que le paysage obligataire se purifie ?

En conclusion, pas de risque pas de rendement tout le monde est d’accord ; mais avoir une poche garantie sur un produit que l’on vend pour faire des revenus complémentaires et transmettre à ses bénéficiaires avouons que ce n’est pas idiot. D’autant que répondre à l’aversion au risque est le pilier de la réglementation de ces dernières années…

Jean-Marc Chevassus est ancien directeur commercial de KBL Richelieu, CGP (cabinet Euradia Patrimoine) et responsable du Master Gestion de Patrimoine de l’Université Lyon III.