L'instabilité au sein de l'UE, l'intégration de la Chine aux indices obligataires mondiaux et l'incapacité des banques centrales à normaliser les taux d’intérêt : autant de tendances de fond qui exerceront un impact considérable sur l’univers de l’investissement au cours des 24 prochains mois. Analyse par Adrian Grey, directeur des investissements d’Insight Investment (BNY Mellon IM).

Même dix ans après la crise financière mondiale, les banques centrales ont toujours autant de mal à relever les taux d'intérêt à un niveau considéré comme normal. Aux États-Unis, notamment, mais aussi en Europe et au Japon, les banquiers centraux ont adopté des politiques monétaires beaucoup plus souples. Si nous allons vers un ralentissement de la croissance, un affaiblissement du dollar ou une baisse des taux d'intérêt, cela aura des répercussions sur toutes les classes d’actifs, de la dette émergente au processus d’évaluation du risque crédit.

1) L'Italie

Le problème de la dette italienne n'est toujours pas résolu et les discussions prévues cet automne pourraient potentiellement remettre le feu aux poudres. L'instabilité en Italie constitue toujours un risque à surveiller. Cette crise sous-jacente soulève des questions plus larges, non seulement par rapport à l'État italien, mais aussi sur son secteur bancaire et, en fin de compte, sur le devenir de l'Union Européenne.

2) Le Brexit

À cela se rajoute la question épineuse du Brexit. Le Royaume-Uni a traditionnellement rempli une fonction de pivot entre les courants hanséatique (pensée économiquement libérale associée aux pays du Nord) et dirigiste (tradition plus française qui plaide en faveur d’un modèle de l’économie planifiée) présents au sein de l'Union Européenne. Ce contrepoids ayant vocation à disparaître avec le Brexit, des questions se poseront quant à l'orientation probable du projet européen.

3) La Chine

En ce qui concerne la Chine, cette superpuissance émergente est le troisième plus grand marché obligataire du monde. Or, ce marché est toujours détenu majoritairement par des investisseurs nationaux*.

Un véritable bouleversement structurel est en train de s’opérer au sein de l’économie chinoise. Nous assistons à un programme de libéralisation économique allié au passage structurel vers une économie davantage axée sur les services. Dans le même temps, des efforts de désendettement sont en cours, tout comme des efforts de lutte contre la pollution. Quelles que soient les perspectives à court-terme, la transformation que la Chine opérera au cours des deux prochaines années aura un impact profond sur son avenir à long-terme.

Voir aussi

* Cette situation est toutefois susceptible d’évoluer avec l’intégration de titres d'État et de banques libellés en renminbi chinois (RMB) à l'indice Bloomberg Barclays Global Aggregate Index, une évolution qui fait suite à l’inclusion des actions chinoises aux indices actions émergentes MSCI l’année dernière. Conjugué à l’inclusion de la devise chinoise au panier de devises du Fonds monétaire international en droits de tirage spéciaux (DTS) en 2016, ce changement ouvre la voie à une plus grande intégration de la Chine aux marchés financiers mondiaux.