« Nous sommes devenus une puissance de second rang ». Le géographe Laurent Chalard, membre du European Centre for International Affairs, ainsi qu’une large moisson de statistiques convergeant dans le même sens, remettent en question le statut de puissance mondiale de l’Hexagone.

Entre 1980 et 2007, la France perdait deux millions d’emplois industriels. En 1999, la part de la France s’élevait à 17% des exportations de la zone euro et ne dépasse pas les 13% quatorze ans plus tard. Le dernier excédent commercial français remonte à 2004….

Depuis, la France est continuellement en déficit. En 2018, c’est le membre de l’UE dont le chômage baisse le plus lentement. Et en matière de recherche, elle ne représente plus que 3,2% des publications scientifiques mondiales. Toujours une puissance mondiale, la France ?

Le pays ne serait plus en mesure d’impulser un modèle de développement économique. « Ceux qui s’imposent dans le monde aujourd’hui sont d’origine anglo-saxonne », poursuit le géographe. Ce déclin s’est traduit à différents niveaux, en commençant par le plan culturel. « Jusqu’à la seconde guerre mondiale, la France était le phare culturel du monde occidental ».

Cette hégémonie culturelle n’est plus qu’un lointain souvenir. Du côté des arts, de la littérature mais aussi du cinéma, la France peine à s’imposer face à des géants comme les Etats-Unis ou l’Angleterre. Pour Laurent Chalard, le déclin de l’influence française se ressent particulièrement au niveau de la langue : « le français a été complètement rétrogradé des institutions internationales ».

Son de cloche différent pour le gérant du fonds Galica chez DNCA, Damien Lanternier, qui ne voit pas les choses du même œil. Il constate au contraire un « dynamisme renouvelé » en France, en soulignant les nombreuses créations d’entreprises sur le sol français. « On sent que la France est plutôt en train de reprendre du poil de la bête ».

Et d’ajouter que le Brexit ainsi que le ralentissement économique allemand profitent à l’Hexagone. Mais pour Laurent Chalard, ces performances sur le court terme n’ont pas de valeur réelle.

Et il n’est pas plus optimiste concernant l’avenir du pays des droits de l’homme. « Les jeux sont déjà faits : c’était il y a 50 ans qu’il fallait défendre le modèle culturel français ». Trop affaiblit, ce dernier ne peut plus espérer concurrencer le modèle anglo-saxon. Et ainsi redevenir un modèle dominant.