Le sémillant et imaginatif patron de La Française, Xavier Lépine, s’exprime dans la dernière livraison de La Lettre sur la question de l’immigration.

« Nier la réalité de l’immigration conduit invariablement à l’exclusion, la clandestinité, la montée de la xénophobie, de l’extrême droite, de la violence et de manière ultime à la guerre. De même, nier que les problématiques de races et de religions sont des composantes importantes serait tout aussi stupide.

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Compte tenu des différentiels de taux de natalité par ethnie, d’ici 2050, la population blanche d’origine européenne [aux Etats-Unis] sera minoritaire à 46 % au profit des latino-américains, (30 %), des afro-américains (15 %) et des asio-américains (9 %)... et les Etats-Unis forts de cette démographie sont la première puissance mondiale avec le taux de chômage le plus faible des grands pays occidentaux derrière le Japon.

Que conclure de ces données, si ce n’est que les flux migratoires de masse ont toujours pour cause la misère et la mort dans les pays d’origine et qu’ils sont rarement bien accueillis dans les pays de destination. Ces migrations de masse se font souvent au péril de la vie des migrants.

A terme, ils modifient en profondeur la structure de la société… et pourtant, quelle chance d’avoir un Robert de Niro (Italo-irlandais), un Woody Allen (juif Russo-autrichien), un Colin Powell (Jamaïcain), un Barack Obama (Kenyan–Irlandais), une Eva Longaria (Mexicaine), un Steve Jobs (Syrien-Suisse) et un Renaud Laplanche (Français fondateur de Lending Club)… Sans prétendre aucunement que les Etats-Unis soient un modèle d’intégration à copier, notre réalité européenne est bien celle de ne pas avoir, pour des raisons humanitaires, d’autre choix que d’accueillir des migrants. Qu’ils soient 500 000 ou 1 million, qu’est-ce, rapporté aux 300 millions d’Européens (soit 0,15 % à 0,3 % de la population) et pour le 2e PIB mondial dont se targue l’Europe ?

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Mettre en place des instruments financiers pour démultiplier et accélérer ces processus. L’Angleterre et les Etats-Unis plus familiers que la France dans l’association public-privé ont créé il y a quelques années les Social Bonds(1).

Le principe est simple : une émission obligataire est adossée à un contrat passé, par exemple, entre le Ministère de la Justice et une entreprise, l’objectif étant de réduire le taux de récidive à 5 ans de 10 %. Si l’objectif est atteint, l’Etat paye l’émission obligataire majorée d’un taux d’intérêt élevé. Si l’objectif n’est pas atteint, l’Etat ne paye qu’une fraction de l’émission obligataire et l’entreprise ou le détenteur de l’obligation perd.

En partenariat avec l’Europe, la BERD, la Banque Mondiale ou la BEI pourraient aisément adapter ce concept sur la problématique de l’immigration en créant les conditions d’émission d’Immigration Bonds où les bonus/malus seraient liés à l’atteinte des objectifs par les entreprises et les pays d’accueil : sécurité au sens très large, social, logement, infrastructures, éducation… Certains pays du sud comme limitrophes des pays en guerre pourraient ainsi voir l’opportunité d’accueillir de façon positive ces migrants. »

Décidément inspiré, Xavier Lépine poursuit sa Lettre avec un développement sur l’économie numérique.

« Je m’interrogeais depuis quelque temps sur le paradoxe entre les gains de productivité liés à la technologie et la faible croissance du PNB officiel. La réalité réside dans l’évolution même du fonctionnement de l’économie liée aux évolutions technologiques. Jusqu’à une période récente, l’ensemble des gains de productivité se faisait à l’intérieur de l’entreprise et la répartition de ces gains se faisait pour l’essentiel vers les salariés via les augmentations de salaire, et marginalement vers les clients et les actionnaires et, en cascade se traduisait en delta de PNB. Dans la nouvelle économie, la technologie permet à l’individu de mobiliser l’ensemble de ses actifs sans qu’il y ait une comptabilisation dans le PNB : il se déplace en voiture et peut vendre du co-voiturage (Blablacar, Uber Pop) ; il n’utilise pas son parking la journée, il le loue; il met à disposition son appartement (Airbnb); il a tout un tas d’équipement pour bricoler qu’il utilise 1 % du temps, il le loue; il consomme sur Internet sans passer par le distributeur physique et achète/vend ce dont il n’a plus besoin (eBay) ; il parle une langue étrangère rare, il propose ses services, etc. »

FL/VL

 

Voir aussi

1 – Les SIB (Social Impact Bond) ont été mis en œuvre pour la première fois au Royaume Uni en 2010 par le Ministère de la justice et Social Finance.