A l'ère de la remontée des taux par la Fed, certains gérants obligataires s'inquiètent de l'impact que peut représenter cette mesure tant sur les marchés que sur le comportement des investisseurs. Philippe Douillet, directeur adjoint de la gestion et gérant obligataire du fonds Hixance Patrimoine (FR0010640029), reste quant à lui relativement serein et optimiste. 

 

Quels sont vos craintes sur les taux pour l‘année 2016 ?

Si on prend les taux stricto sensu, je n’ai aucune crainte car les taux de la zone euro vont rester bas en 2016 et très certainement jusqu’en 2018. Il n’y a pas de reprise notable de l‘inflation, l’environnement est vraisemblablement plus déflationniste compte tenu de la situation sur le secteur de l’énergie. C’est pourquoi le risque sur le marché obligataire ne vient pas de la remontée des taux. En revanche, si l’on est haussier sur les taux américains en fin d’année, on peut avoir par contagion une remontée des taux longs ; qui restera de toute façon modeste. En somme, il n’y a pas un gros risque de taux sachant que dans notre cas nous travaillons la courbe euro de 1 à 5 ans, sur laquelle je me sens très à l’aise.

Comment avez-vous gérer le 24 août 2015 ?

C’est vrai que ce mois d’août a été assez redoutable. Le problème de cette crise est qu’elle est arrivée dans un marché relativement creux car beaucoup d’intervenants étaient en vacances et que la liquidité (qui était déjà faible) a totalement disparu. L’enjeu reposait alors sur notre capacité à pouvoir réagir ; notamment en coupant certaines positions afin de protéger les portefeuilles contre une glissade sévère.

Il faut bien l’avouer, nous n’avions pas beaucoup de capacité d’action sur le marché du crédit. C’est pourquoi il fallait se replier sur le marché de taux ; un « fly to quality » vers les taux souverains allemands. En effet, il était difficile d’agir sur le marché du crédit compte tenue de la faiblesse de la liquidité qui ne nous permettait pas de clôturer des positions si ce n’est à des conditions très dégradées.

En ce sens, nous avons essayé de réagir sur les marchés où il y avait un peu de liquidité. À l’exemple du marché actions qui pouvait partiellement servir de couverture pour le risque crédit ainsi que le marché des taux souverains et plus particulièrement celui des futures.

Votre truc pour résister au stress des marchés ?

Je n’ai pas à proprement parler de « truc » pour résister au stress des marchés, si ce n’est qu’en période de tensions je tends à revenir à l’essentiel et à renforcer mon ancrage auprès de ma famille et de mes vrais amis.

SL/FL