Les fausses promesses de la finance « verte »

Les fonds d’indices qui prétendent respecter des critères environnementaux sont exposés à un fort risque de « greenwashing », rapportent « Les Échos ».

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« L'industrie de l'investissement, malgré ses promesses, ne fait pas grand-chose pour réaffecter les capitaux dans une direction et d'une manière qui pourraient inciter les entreprises à contribuer à la transition climatique », assène l'Edhec.
« L'industrie de l'investissement, malgré ses promesses, ne fait pas grand-chose pour réaffecter les capitaux dans une direction et d'une manière qui pourraient inciter les entreprises à contribuer à la transition climatique », assène l'Edhec. © KLAUS OHLENSCHLAGER / Picture Alliance / dpa Picture-Alliance via AFP

Temps de lecture : 2 min

Sur le papier, la finance verte ou bien durable a de quoi faire rêver plus d’un investisseur soucieux de protéger l’environnement et la planète. Mais remplit-elle pour autant son rôle, et les promesses qu’elle semble porter ? Rien n’est moins sûr. Selon les analyses de chercheurs au sein de la chaire Scientific Beta, à l’Edhec Business School, les fonds indiciels ESG s’exposent surtout à des risques assez élevés d’écoblanchiment, rapportent Les Échos, mardi 21 septembre. Ces fonds ESG sont ceux qui se vantent de respecter justement des critères certes sociaux et de bonne gouvernance mais aussi environnementaux, lors de la réalisation d’investissements. Et en Europe, en termes de gestions d’actifs, ils ont la cote.

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Pourtant, selon les chercheurs de l’Edhec, « l’industrie de l’investissement, malgré ses promesses, ne fait pas grand-chose pour réaffecter les capitaux dans une direction et d’une manière qui pourraient inciter les entreprises à contribuer à la transition climatique ». Ces spécialistes des indices de marché dénoncent, dans une étude inédite dont les conclusions portent sur la gestion passive, et dont le quotidien économique se fait l’écho, une sorte d’écoblanchiment qui se serait généralisé.

Une question climatique au final pas si présente

En examinant de très près les indices boursiers qui se disent « climatiques », et ce, sur la période allant de 2011 à 2020, ils ont découvert qu’en réalité, les données relatives au climat « représentent tout au plus 12 % des déterminants de la pondération des actions d’un portefeuille ». Selon l’un des auteurs du rapport, au final, « les critères financiers habituels, en particulier la capitalisation boursière, expliquent 88 % des variations de poids des valeurs dans les stratégies » d’investissement.

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Le constat de la chaire Scientific Beta est donc sans appel : « La grande majorité des fonds institutionnels et des mandats qui prétendent avoir un impact positif sur le climat sont exposés à des risques importants et évidents d’écoblanchiment, en grande partie parce qu’ils affichent des mesures climatiques attrayantes dans leurs portefeuilles grâce à la mise en œuvre de stratégies erronées ». Ces indices boursiers très spéciaux ont été élaborés sur la base de quelque 2 000 sociétés cotées en Bourse et qui se sont engagées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, rappellent Les Échos.

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Et leurs noms mêmes laissent entrevoir l’ambition climatique : Euronext Low Carbon, MSCI Climate change… la mention environnementale est très présente. Or, selon le rapport, quand il s’agit de gestion d’actifs, au final, les stratégies dites vertes restent « relativement insensibles à la dynamique de la performance climatique des entreprises ». Plus d’un tiers des sociétés dont le bilan environnemental tend à se dégrader au fil du temps parviennent tout de même à peser plus lourd dans ces indices dits verts.

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Commentaires (5)

  • Anneg

    Évidemment, par kes temps qui courent, qualifier un produit de vert est un argument de vente, c'est ce qu'on appelle le greenwashing. En ce Ui me concerne, je me méfie de tous ces termes à la mode : vert, bio, éthique, éco-responsable, équitable...

  • MC33

    Quand je place une somme d'argent, c'est pour qu'elle me rapporte. La couleur de la notice ne m'importe pas. Si un gestionnaire achète du vert, voyant qu'il est ultra subventionné, l'en blâmerais-je ? Sûrement, non. D'autant que ca doit être "bien", puisque les écolos approuvent. Et je récupère une partie des sommes qui me sont rackettées pour subventionner leurs lubies.

  • baboupepito

    Socialement responsable certes mais devant qui ?
    Mettre dans la même gamme de produits le réchauffement climatique et l'égalité salariale hommes/femmes est bizarre. J ai dit bizarre ? Comme c est bizarre...