Le confinement temporaire de la moitié de l’humanité s’accompagne d’images étonnantes. Vous avez peut-être remarqué ces imageries satellites illustrant la réduction significative des émissions de dioxyde d’azote dans l’air. Les milieux naturels semblent connaître un relatif répit.

Anne de Lanversin

Si la restriction brutale des activités humaines résulte de l’impréparation du monde à affronter l’épidémie de COVID-19, elle pourrait préfigurer une solution radicale au traitement de la crise environnementale de notre planète. Sauf que notre crise environnementale n’est pas ignorée. Les accords de Paris sur le climat témoignent d’une volonté d’agir à l’échelle universelle contre le réchauffement climatique.

En matière d’enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), les Etats ont fixé des objectifs pour que l’humanité n’ait pas demain à subir son destin. L’accès à la santé et à l’éducation, la lutte contre la faim, la pauvreté, les inégalités, la dégradation de l’environnement… les grands défis interconnectés de notre avenir forment les 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies à accomplir pour vivre dans un monde durable. La sphère financière a un rôle à jouer pour accompagner la transition, en fléchant l’épargne suivant les sensibilités et les exigences propres à chaque investisseur. Notre propos ne se limite pas aujourd’hui à plaider en faveur de l’intégration des critères ESG au sein des gestions de portefeuilles, il s’agit d’informer les investisseurs sur les actions mises en œuvre pour la réalisation des objectifs de développement durable. Telle est la proposition de valeur des investissements à impact : générer un impact social et environnemental positif et mesurable, ainsi qu’un rendement financier.

Besoin de données quantifiables et comparables sur l’impact des entreprises.

La mesure des impacts d’une entreprise, positifs comme négatifs, nécessite des indicateurs concrets, quantifiables, fiables et comparables. Ces indicateurs sociaux et/ou environnementaux ne sont malheureusement pas toujours disponibles sur les entreprises. Afin de promouvoir la normalisation des indicateurs extra-financiers publiés par les entreprises et de pousser vers une réglementation à impact positif, le groupe Amundi est très attentif aux travaux de l’European Financial Reporting Advisory Group (EFRAG). L’élaboration d’une taxonomie objective et transparente en matière d’impact est soutenue également au niveau des Etats membres de l’Union européenne. Ainsi en France, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a pour domaine prioritaire d’action 2020 de contribuer à définir un cadre plus robuste pour la qualité et la comparabilité de l’information extra-financière.

Il existe heureusement plusieurs référentiels de mesures d’impact déjà disponibles. Pêle-mêle, citons les travaux de la Task Force on Climaterelated Financial Disclosures (TFCD) pour le reporting climat ; ceux de l’Impact-Weighted Accounts Initiative Project de la Harvard Business School ; ou encore l’Investment Leaders Group (ILG) du Cambridge Institute for Sustainability Leadership.

Des objectifs sur lesquels peut agir l’entreprise.

Le pré-requis pour évaluer correctement l’impact des entreprises consiste à traduire au niveau micro des objectifs fixés au niveau macroéconomique. A titre d’illustration, comment juger de l’action d’une entreprise en faveur de l’éradication de la faim dans le monde, un des ODD ? « Cela ne peut pas être évalué uniquement au regard du secteur d’activité propre à l’entreprise. Il faut prendre en compte l’intentionnalité et le volontarisme », explique Catherine Crozat, responsable des projets ESG chez CPR AM.

« Une première étape pour les entreprises est d’identifier les objectifs de développement durable sur lesquels elle peuvent agir et communiquer. Elles doivent veiller à adopter une méthodologie transparente et comparable à celle des autres entreprises du secteur. Sans cela, les données seront difficiles à agréger au niveau d’un portefeuille dans le cadre d’une stratégie d’investissement d’impact ».

Une entreprise peut se positionner sur les investissement d’impact de différentes manières. « Elle peut évaluer l’impact positif généré par ses activités. Elle peut également réduire l’impact négatif généré par ses activités, par exemple en améliorant son efficacité énergétique et en auditant sa chaîne d’approvisionnement pour limiter son empreinte carbone en amont ou en agissant sur la chaine de production de ses produits », souligne Catherine Crozat. Veiller au traitement de ses salariés, de ses fournisseurs et aux bonnes relations avec les communautés locales confère un bon positionnement général ESG. « Les gérants d’impact sont sensibles à l’impact positif social sur l’ensemble des parties prenantes ». Quel que soit l’impact considéré, la métrique doit porter sur les bénéficiaires. « Il faut tenir compte du fait qu’un engagement peut impacter plusieurs parties prenantes, ce qui nécessitera plusieurs indicateurs. Par ailleurs, les mesures doivent être suivies dans le temps et comparées avec la tendance globale de l’indicateur sur les dernières années pour permettre d’apprécier le niveau d’accomplissement de l’objectif par rapport à la cible finale », précise Catherine Crozat.

L’impact dans la thématique changement climatique.

La généralisation de la publication d’indicateurs d’impact par les entreprises permet à chaque investisseur de se positionner encore plus finement sur les thématiques ESG en fonction de ses priorités et de ses sensibilités ; et dans le même temps de dresser un bilan précis de l’impact de son investissement en faveur d’un monde plus durable.

En décembre 2018, CPR AM a lancé le fonds actions internationales CPR Invest - Climate Action, qui encourage les acteurs les mieux positionnés par rapport à leur gestion du risque climatique. L’approche a depuis été élargie à l’univers crédit, avec le lancement de stratégies Climate Bonds, mais reste dans chaque cas multisectorielle et diversifiée pour soutenir la transition vers une économie globalement compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris. « Nous considérons que tous les secteurs ont un rôle à jouer, même si nous sommes plus exigeants pour les secteurs très émetteurs de carbone, comme l’énergie et les utilities », explique Catherine Crozat.

CPR Invest - Climate Action et Climate Bonds s’appuient sur une méthodologie transparente développée en partenariat avec le CDP (anciennement Carbon Disclosure Project), une organisation non-gouvernementale pionnière en matière de diffusion de données carbone à l’échelle mondiale. « Les notations du CDP poussent les entreprises à plus de transparence dans l’adaptation aux changement climatiques. Elles s’appuient sur les publications des politiques climatiques des entreprises, plutôt que sur des modèles économétriques sectoriels ».

L’univers d’investissement climat de CPR AM conserve les valeurs les mieux notées par le CDP, ainsi que les entreprises dont les émissions de carbone respectent les objectifs de limitation de la hausse de la température mondiale de 2 degrés inscrits à l’Accord de Paris. L’initiative en charge de cette évaluation est dénommée SBT (Science-Based Targets) et résulte des expertises communes du Fonds mondial pour la nature (WWF), du World Resources Institute (WRI), du CDP et du Pacte mondial des Nations Unies (UN Global Compact). Pour s’assurer de l’impact environnemental positif, les équipes de gestion de CPR AM suivent différents indicateurs parmi lesquels l’exposition aux segments verts, la dynamique du score CDP, les volumes d’émissions carbone, etc. « Le gérant regarde également l’engagement de l’entreprise avec sa chaine de valeur sur les sujets de climat et dans quelle mesure l'entreprise innove-t-elle pour avoir un impact environnemental positif : changement de modèles ou technologies plus efficaces, recherche et développement, etc. ».

Les approches de CPR AM peuvent être adaptées en format dédié pour respecter, par exemple, une charte d’investissement ESG spécifique, satisfaire à des réglementations financières contraignant l’univers d’investissement, ou bien encore un niveau de capital réglementaire (SCR) donné ou pour les solutions obligataires une structure de sensibilité adaptée au passif de l’investisseur (ALM). En format ouvert comme en format dédié, la transparence requise de la part des entreprises en matière de gestion du risque ESG vaut aussi pour notre communication. CPR AM publie des reportings extrafinanciers mensuels très détaillés sur des données ESG et climatiques. Par exemple, à fin février, les émissions carbone du portefeuille de CPR Invest – Climate Action étaient de 113 millions de tonnes par million d’euros de chiffre d’affaires, contre 138 pour le MSCI World All Countries. Son exposition verte était de 9,1 %, contre 5,7 % pour l’indice. Au-delà des efforts fournis pour réduire l’empreinte carbone, CPR AM propose la mise en place d’un mécanisme de compensation de l’empreinte carbone sur les scopes 1, 2 et les « émissions amont » liées aux fournisseurs de premier rang du scope 3, via le soutien financier de projets liés principalement à la préservation forestière ou au développement des énergies renouvelables.

« Nous travaillons également pour pouvoir fournir la trajectoire 2°C du portefeuille, correspondant à la fourchette de hausse de la température mondiale que l'Accord de Paris recommande de ne pas dépasser, en comparaison avec leur indice de référence ». D’ici la fin 2020, la température de l’ensemble des portefeuilles de CPR AM sera disponible. », conclut Catherine Crozat.

Catherine Crozat, Responsable des projets ESG, CPR AM

 

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