La confiance vis-à-vis de la Chine est actuellement très faible. Le contexte géopolitique en est l’une des raisons, mais ce n’est pas la seule  la crise immobilière et la stratégie «  zéro Covid  » ont également pesé sur l’économie. Les investisseurs internationaux ont donc déserté la bourse chinoise, en dépit de valorisations plutôt basses dans l’ensemble. Dans ce contexte, le 20e Congrès du Parti communiste chinois est très attendu. Sa date a été fixée au 16 octobre, plus tôt que prévu, preuve que les « tractations en coulisse » sont achevées et qu’il y a urgence à donner une nouvelle impulsion. Des éclaircissements sont attendus sur plusieurs sujets.

Jean Marie Mercadal Directeur des stratégies dinvestissement OFI HoldingCes dernières années, nous avons le sentiment que le Président Xi Jinping a été davantage préoccupé par les questions politiques qu’économiques. Il est vrai que, pour la première fois depuis Mao Zedong, il passe outre la « règle tacite  » de deux mandats successifs de 5  ans maximum et postule pour un troisième mandat, voire une présidence à vie… Il a ainsi, semble-t-il, cherché ces dernières années à consolider sa position personnelle et convaincre en interne dans le parti. L’élaboration d’un projet de long terme pour le pays, une sorte de pacte sociétal appelé la «  prospérité commune  », démontre ainsi sa volonté de s’inscrire dans la durée. Les deux objectifs principaux de ce projet sont louables. D’une part, rechercher une meilleure harmonie sociale en réduisant les écarts de richesse. Bien que la Chine ait réussi en 40 ans à faire sortir plus de 700 millions de personnes de la pauvreté, il resterait encore dans le pays près de 600 millions de personnes vivant avec moins de 1  000  Yuans par mois (environ 140 USD). L’objectif est donc de réduire les écarts de richesse et de favoriser l’essor d’une classe moyenne vivant plus confortablement, avec l’idée également sous-jacente de faire repartir une natalité très basse actuellement. Le second objectif est de s’engager vers une économie décarbonée et devenir l’un des leaders mondiaux dans les domaines des énergies renouvelables.

Malheureusement, le « timing » choisi pour ce changement de cap sociétal n’a pas été opportun. La vague réglementaire imposée par le pouvoir l’année dernière s’est heurtée à une actualité brulante : épidémie de la Covid-19, dégonflement de la bulle immobilière, contexte international très tendu avec les États-Unis, et dernièrement, la plus importante sécheresse depuis 60 ans qui a affecté gravement la production agricole et plongé un grand nombre de paysans dans la précarité. Les résultats économiques ne sont donc pas bons : la croissance n’a été que de 0,4 % au second trimestre et l’objectif affiché en début d’année de 5,5 % ne sera pas atteint. Au contraire, elle sera l’une des plus faibles depuis plusieurs décennies à près de 3 % estimé, le taux de chômage des jeunes est élevé à près de 20 %, la bourse est au plus bas…

Il y a de ce fait urgence à prendre des mesures et redonner un cap à court terme. Pour la première fois depuis longtemps, il y a eu dans le pays des scènes de révoltes assez intenses : en raison d’une politique «  zéro Covid  » appliquée de manière très stricte dans plusieurs villes où les conditions de confinement étaient trop brutales ; et également sur la question immobilière. Dans la province industrielle très importante du Henan notamment, des clients se sont rassemblés dans la ville de Zhengzhou, réclamant leur argent devant leur banque en difficulté sur leurs créances sur des promoteurs immobiliers. Le pouvoir semble avoir compris l’urgence qu’il y a à agir. Le Premier ministre vient en effet de déclarer que la Chine doit prendre des mesures pour «  stimuler la consommation et l’investissement », et qu’il fallait les implémenter rapidement.

Sur le plan immobilier, la situation est en effet préoccupante. Les ventes, exprimées en surface, ont baissé de 23 % sur les 7 premiers mois de l’année. En chiffre d’affaires, la baisse est de l’ordre de 30 %. Les prix de l’immobilier résidentiel ont pour l’instant assez stables, mais il y aurait par ailleurs entre 50 et 100  millions de logements construits vacants (les sources sont variables), particulièrement dans les villes de moindre importance. Les promoteurs privés, qui ont fait appel à un effet de levier trop important par le passé, font ainsi face à de grandes difficultés, accentuées récemment par des boycotts organisés par de nombreux emprunteurs qui ont décidé de suspendre leurs remboursements de crédits en attente de la livraison de leurs biens. Les autorités n’ont d’autre choix que de continuer à soutenir le secteur afin d’éviter une crise systémique qui se propagerait au secteur bancaire. Elles ont donc demandé à l’assureur public China Bond Insurance de garantir directement et à 100 % les obligations et les actifs de 6 développeurs présélectionnés. Ils doivent ainsi être en mesure d’emprunter à des taux convenables pour poursuivre leurs activités. Le gouvernement pourrait également demander à des entreprises publiques de souscrire à ces obligations. Un certain nombre de projets sont également directement repris par des municipalités. Par ailleurs, des initiatives sont prises par près de 200 villes pour stimuler l’achat immobilier  : réduction de l’apport personnel pour l’acquisition d’un second bien…

Pour consulter le communiqué dans son intégralité, cliquez ICI.

 

Par Jean-Marie MERCADAL, Directeur Général de SYNCICAP AM

logo syncicap amPour visiter le site, cliquez ICI.