Les autorités japonaises s’efforcent toujours de contenir l’impact négatif de la hausse de la TVA opérée en octobre. Au vu de la nette détérioration des données récentes (notamment des ventes au détail et des immatriculations de voitures neuves), il apparaît que le gouvernement Abe et la Banque du Japon (BoJ) devront déployer des mesures plus agressives que celles prévues initialement.

Anne de Lanversin Certains signes indiquent également une détente sur le front de l’emploi. Une croissance fortement négative semble donc acquise pour le dernier trimestre 2019, même si elle devrait s’établir autour de 0,9% pour l’ensemble de l’année vu sa meilleure trajectoire plus tôt dans l’année.

Comme nous nous y attendions, le gouvernement nippon a commencé à solliciter une importante rallonge budgétaire pour permettre un rebond rapide. Selon les médias locaux, ces mesures de relance supplémentaires devraient s’élever à au moins JPY 10’000 milliards (voir graphique 10), ce qui est tout à fait possible vu la majorité dont jouit le parti au pouvoir.


De fait, nous pensons que le cabinet envisagera également de prolonger les mesures temporaires visant à stimuler la consommation incluses dans le budget de l’exercice en cours (qui s’achève en mars 2020). Si nous voyons juste, le gouvernement devrait être en mesure d’ouvrir suffisamment les vannes budgétaires (le terme japonais de « mamizu » signifiant « eau fraîche ») pour maintenir la croissance 2020 en territoire positif.


Sur le plan monétaire, le léger ajustement que nous attendions en octobre ne s’est pas concrétisé. L’inflation globale indiquant peu de « répercussions » de la hausse de la TVA sur les prix finaux, la BoJ a pourtant de nombreuses bonnes raisons de coordonner sa réponse politique avec le cabinet Abe. Le fait qu’elle continue à se retenir semble indiquer un malaise par rapport à des réductions de taux agressives ainsi que la volonté de garder des munitions.


Nous pensons néanmoins qu’il est fort probable que le gardien monétaire fera au moins un premier pas symbolique en direction d’un cadre comparable à celui de la BCE, à savoir des taux de court terme légèrement plus bas conjugués à un système « d’étagement » en matière de taux punitifs appliqués aux réserves bancaires.

Au final, nous nous attendons à ce que les chiffres de croissance trimestrielle s’améliorent au fil de l’année 2020, soutenus par une légère reprise mondiale ainsi que l’assouplissement monétaire et budgétaire à venir. Les Jeux olympiques de Tokyo pourraient également apporter une contribution légèrement positive à la croissance et l’inflation, tandis que l’éventualité d’une détérioration de l’environnement sécuritaire en Asie du Nord-Est pose un risque, après l’échéance que la Corée du Nord s’est fixée pour les négociations sur la dénucléarisation.


Par ailleurs, sur le plan de la politique intérieure, les velléités de révision constitutionnelle de Shinzo Abe représentent aussi un risque majeur.

Homin Lee est stratège chez Lombard Odier

 

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