Le Covid 19 frappe désormais l’ensemble de la planète. Les prévisions de croissance économique sont fortement réduites, celles relatives aux résultats des entreprises sont très hypothétiques. Les marchés anticipent comme toujours. Sans angélisme.

Anne de Lanversin

Les économistes révisent. Ils ont matière à.

Ils sont traditionnellement plus pessimistes que les grandes organisations internationales ou les gouvernements. Sans grande conviction toutefois car tous reconnaissent l’absence de référence historique à la crise sanitaire mondiale, alors qu’ils pensaient en avoir quelques-unes lors de la crise des subprimes (qui s’est prolongée jusqu’à la faillite de Lehman Brothers) et sa réplique avec la crise des dettes souveraines en Europe.

Que retenir à ce stade de leurs prévisions ?

Le deuxième trimestre sera calamiteux en Europe et aux Etats-Unis avec une contraction de l’activité qui pourrait être de l’ordre de 15 à 20 %, un peu à l’image de ce que l’on attend pour la Chine au premier trimestre. Et dans une hypothèse prudemment conservatrice une croissance annuelle 2020 de 1 à 1,5 % pour la Chine, entre 0 et 1 % aux Etats-Unis, et de - 5 % en Europe, soit -0,4 % au mondial. Certains sont beaucoup plus pessimistes avec une contraction du PIB mondial de -2,1 % avec -4,8 % aux Etats-Unis et -5,8 % en Europe.
A l’évidence ces prévisions sont loin d’être prises en compte dans les attentes de résultats des entreprises puisque selon les données de JCF Groupe qui compile les prévisions des analystes, la croissance des profits en 2020 est encore attendue à + 6 % (on est toutefois loin des + 10 % attendus en début d’année) en Europe et de + 0,8 % aux Etats-Unis. Côté entreprises, rares sont celles à s’être essayées à mesurer l’impact du Covid 19 sur leurs activités. La plupart se contente à renoncer à leurs objectifs 2020. On reste en plein brouillard.

Mais c’est bien connu les marchés anticipent toujours.

Regardons donc leurs anticipations en oubliant un instant les prévisions des conjoncturistes et des analystes en comparant simplement le niveau des indices boursiers à leurs multiples « historiques » et en nous concentrant sur le ratio cours/bénéfice (PE). Il est de l’ordre de 13 fois pour l’Europe et de 15,5 fois pour les Etats-Unis, sachant que de ce côté-ci de l’Atlantique il est admis que 10 pb de baisse du PIB a un impact de -1,5 % sur les bénéfices des entreprises.

forward

En 2008, mi-septembre, la valorisation des marchés était comparable à celle d’aujourd’hui (PE de 12 pour une croissance attendue des bénéfices encore positive). On connait la suite puisque les bénéfices par actions ont reculé de plus 30 % en 2 ans (2008 – 2009), avant de rebondir à près de 40 % en 2010.  En retenant les multiples moyens observés aujourd’hui, le marché anticipe une baisse des profits de l’ordre de 30 %. Trop pessimiste, trop prudent ? Difficile de se prononcer à ce stade.

Mais il y aura un après Covid19, tout comme il y a eu un « après-2008 ». Et c’est en mars 2009 que les marchés avaient anticipé le rebond.

N’hésitez pas à retrouver le point sur la stratégie de gestion et le comportement des fonds dans les notes de vendredi dernier : https://www.haasgestion.com/fr/actualite/2020-03-19-commentaires-de-gestion-de-la-semaine


dnca sommes nous a la veille d'un changement de cycle ?

 

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