Indépendant, le patron de Keren reconnait facilement ses erreurs de jugement. D’esprit indépendant, il compte bien le rester.

Environnement : La macro est-elle devenue moins prévisible ?

Nettement moins en effet… Surtout parce qu’elle est grandement influencée par la politique avec l’arrivée de Trump. En janvier dernier, on ne le prenait pas au sérieux ; en fait il crée de la volatilité et c’est devenu difficile de se tenir à une stratégie avec Trump comme président des Etats-Unis.

Maison : Peut-on rester une boutique (indépendante) en 2019 ?

Keren ne va racheter personne, et la maison n’est pas à vendre. On m’a mainte fois posé la question : en fait je préfère embaucher des personnes que d’acheter une boite noire.

On a passé, en 2018, le seuil des 2 milliards d’euros ; je pense que la question de rester seul se pose de manière plus pressante quand on est en dessous d’un milliard d’euros d’encours.

Cela dit, c’est aussi une question de marge : je connais des maisons qui gèrent le même volume d’encours avec plus de 30 personnes alors que chez Keren nous ne sommes que 15 personnes.

Métier : L’intelligence artificielle représente-t-elle un danger pour un gérant ?

Je pense que l’IA peut être plus une aide qu’un danger pour le gérant, une aide à la décision. A la lumière de mes connaissances dans le domaine de l’intelligence artificielle, je continue à penser qu’il y a des choses qui ne sont pas modélisables par l’IA : le feeling, tout ce qu’il se passe au cours d’un entretien avec un patron de société, la perception…

Perso : Comme gérant, votre plus belle erreur ?

C’est de ne pas avoir pas perçu la profondeur de la crise en 2008, et surtout d’avoir mal réagi en 2009 : je n’ai pas vu la crise arriver et encore moins la sortie de crise. Sans doute qu’à l’époque j’étais moins lucide.

J’en ai retenu que les périodes de crise sont toujours relativement courtes par rapport aux périodes de hausse. Et surtout, qu’il faut regarder devant.