Est-ce possible ? Pourquoi, comment ? Le petit opus d’Eloi Laurent apporte des éléments de réponse. Pas toujours complet, mais inspirant.

Alors que tout le monde n’a que ISR et RSE à la bouche, le dernier livre d’Eloi Laurent, économiste à l’OFCE, Sortir de la croissance, mode d’emploi aux éditions LLL (Les Liens qui Libèrent) a quelque chose de rafraichissant, qui change en tout cas de certains discours ressassés jusqu’à plus soif.

La thèse centrale de l’auteur est que le PIB, d’invention récente (on le doit en effet à l’économiste américain Kuznets qui le reprend à son compte dans les années 30), ne dit rien de l’effet de richesse effectif des populations. Cette dernière est fonction des inégalités de distribution : il n’est pas rare de voir une période de croissance économique s’accompagner en parallèle d’un appauvrissement des plus pauvres et d’un creusement des inégalités de richesse.

Deuxième propos de l’auteur : atteint un certain point, la croissance ne dit rien du bien-être d’une population. En effet, ce bien-être n’est pas uniquement facteur de l’aisance économique ; il dépend aussi de facteurs sociétaux tels que la sécurité, l’entre-aide, l’existence (ou l’absence) de perspectives positives et de projets collectifs, du niveau de santé, etc.

Le travail d’Eloi Laurent est carré, documenté, peu sujet à caution (ce n’est pas par hasard qu’il est entre autres professeur à Stanford).

La partie « mode d’emploi » de l’ouvrage est en revanche moins convaincante*. L’auteur met le doigt là où ça fait mal : nombreux sont les politiques à déclarer vouloir mettre en place des indicateurs de bien-être, rares sont ceux qui s’y attellent réellement. Eloi Laurent juge que c’est au niveau des territoires, par opposition au niveau national ou européen, que les choses bougeront le plus efficacement.

Une lecture de week-end qui se parcourt en 1 heure ou 2.

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* C’est normal, il est toujours plus facile de dire quoi faire que comment le faire.