Le Coronavirus est devenu, très rapidement, le catalyseur d’une des plus grandes crises économiques que nous ayons connues. La crise, si elle semble plus « douce » dans les pays qui ont fait le choix de « figer » leur économie à grand renfort de plans de soutien, fera des dégâts encore plus importants dans les pays où les protections sociales et l’interventionnisme de l’Etat ne sont pas au même niveau (Inde, Etats-Unis, etc.). Les bilans des Nations mais aussi des entreprises vont ainsi être mis à très rude épreuve.

Avant la crise du Coronavirus, les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) qui imposaient un ensemble d’objectifs de bonne conduite aux entreprises et acteurs de la finance connaissaient un fort développement à travers le monde.

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Ces critères dictés par une recherche de « sens » des clients en leurs investissements étaient aussi encouragés par une prise de conscience grandissante que leur argent pouvait contribuer au développement de la Société dans le bon sens ; tout en générant un retour sur investissement supérieur à ce qui pourrait être obtenu avec un investissement plus classique. Cette thématique étant également encouragée par des évolutions réglementaires et fiscales très favorables et des entreprises (et leurs dirigeants) prenant conscience de la nécessité de s’adapter et de faire montre de plus de transparence.

Mais, l’adoption de ces critères a un coût et nécessite souvent de profonds changements en interne (culture d’entreprise, formation, conformité, parité, équité salariale, contrôle du risque, environnement, progiciel, transparence financière). Autant de paramètres qui, en temps de crise, ont tendance à passer au second plan, comme nous avons pu le constater après la crise financière postLehman en 2008.

L’adoption de ces critères connaitra-t-elle demain le même coup de frein, ou sera-t-elle accélérée ?

Nous pensons que c’est la seconde possibilité qui prévaudra.

En effet, pour l’adoption de ces critères, il est nécessaire de bénéficier de 3 moteurs distincts qui fonctionneraient de concert : l’environnement réglementaire, fiscal et politique, les investisseurs (individuels ou professionnels) et enfin les entreprises.

En 2008, nous avions l’environnement réglementaire, fiscal et politique mais manquaient les investisseurs et les entreprises. En 2020 la situation est différente, ces 3 facteurs sont réunis, ce qui explique le fort engouement pour des investissements dans des supports respectant ces critères.

Concernant l’environnement réglementaire, fiscal et politique, nous avons de nombreuses initiatives incitatives ou contraignantes, nationales ou européennes : REACH (encadrement des substances chimiques), Euro 6 (normes européennes d'émission), fiscalité en faveur des énergies renouvelables, normes comptables (IFRS), environnement de travail (santé, bien-être, parité, équité, etc.), renforcement des contraintes de transparences des entreprises, etc.

Au niveau des investisseurs, ils vont à travers leurs investissements répercuter les exigences des détenteurs des capitaux au sein des fonds gérés. Détenteurs, plus informés, plus concernés et prenant conscience que ces critères ESG en permettant de contribuer à une cause « supérieure », bénéficieront souvent de meilleurs rendements.

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Enfin, concernant les sociétés se soumettant aux critères ESG. Considérés au départ comme une contrainte de temps et un coût supplémentaire, les flux de capitaux entrants et les questions (des investisseurs, consommateurs et citoyens) toujours plus nombreuses sur le respect de ces critères les ont poussés à les considérer et les adopter. Les démarches sont certes plus ou moins proactives, mais clairement nous nous dirigeons vers un nouveau standard de place.

Quels impacts du coronavirus sur l’application des critères ESG au sein des entreprises ?

L’impact le plus court-terme que nous avons pu constater est celui des dividendes, rachats d’actions et salaires des dirigeants.

En effet, les plans de soutien des différents pays aux entreprises sont conditionnés au respect de plusieurs « bonnes pratiques » à adopter. Notamment, l’obligation de ne pas verser de dividendes ou à ne pas procéder à des opérations de rachats d’actions au titre de l’exercice en cours.

De manière plus volontariste, car non imposé, certains dirigeants ont réduit leur rémunération en 2020 et des sociétés ont choisi de maintenir le salaire plein de leurs salariés sans faire appel aux dispositifs de chômage partiel.

Enfin, aux Etats-Unis, les licenciements de masse (avec perte de l’assurance médicale) pourraient remettre en cause la notation ESG (critère Social) de beaucoup de sociétés d’outre-Atlantique.

A moyen-terme, nous observerons certainement un rebond de l’économie en 2020 qui relancerait la dynamique d’adoption de ces critères.

A plus long-terme, il est probable que nous puissions observer plusieurs phénomènes qui impacteraient positivement et durablement les critères ESG.

Sur le plan Environnemental, il est probable que le coronavirus entrainera :

• Moins de tourisme de masse donc de vols long-courriers très polluants.
• Une relocalisation d’une partie de l’outil productif (allégeant d’autant la « pression écologique » sur la zone de production initiale) et une baisse de la consommation de produits alimentaires importés, entrainerait une baisse de la pollution liée au transport de marchandises.
• De plus nombreuses incitations poussant les sociétés à s’intégrer dans des schémas d’économie circulaire (recyclage, collecte, tri, énergie propre).
• Une forte baisse de la consommation d’énergie à court terme (entreprises à l’arrêt) qui, combinée à la chute du prix du baril de pétrole, devrait pousser les grands énergéticiens à accélérer la décarbonation de leur activité (via le M&A notamment).

Sur le plan Social, nous devrions voir :

• Des réflexions approfondies sur les licenciements de masse réalisés aux Etats-Unis et les pertes de couvertures médicales qui en ont découlées laissent vraiment à réfléchir sur la fragilité de l’édifice social américain.
• La pérennisation de systèmes sociaux et médicaux européens plus généreux tant au niveau étatique qu’au niveau des entreprises. Les Etats et de nombreuses entreprises devront sans doute revoir leur modèle social pour séduire les futurs salariés, entrepreneurs ou auto entrepreneurs.
• Les cadres réglementaires pour la gestion du personnel devraient être encore renforcés (licenciement, salaire, temps partiel ou complet, etc.).

Sur le plan de la Gouvernance :

• La pression des citoyens, de l’Etat (facilitée par la montée au capital de celui-ci dans certaines entreprises) et des investisseurs devrait encore se renforcer pour plus de transparence de la part des entreprises et notamment de leurs dirigeants.
• Les rémunérations des actionnaires et dirigeants seront au centre de toutes les attentions.
• L’exemplarité sera certainement le maître-mot.

 

L’équipe de Gestion.

dnca sommes nous a la veille d'un changement de cycle ?

 

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