BBVA a annoncé qu’elle émettrait la toute première obligation hybride de catégorie 1 (AT1), une émission perpétuelle de 5,5 ans avec des prix initiaux à 6,5 %, et cela a immédiatement déclenché un débat animé sur la nature et l’évolution du capital de banque verte.

Anne de Lanversin

Green AT1 : plus d’interrogations que de réponses

Cet accord vise à aider l’engagement de la banque espagnole à fournir 100 milliards d’euros de financement durable d'ici 2025. Toutefois, d’après la documentation, cette nouvelle émission pourrait servir à refinancer un autre AT1 BBVA. Pour nous, cela génère une certaine confusion. Cette obligation sera-t-elle utilisée comme capital contre des prêts pour des projets durables, ou pour racheter un AT1 existant ?

BBVA dispose déjà de 2,9 milliards d’euros d’actifs verts éligibles dans ses portefeuilles, donc techniquement, elle pourrait faire les deux. Cependant, d’un point de vue ESG, la question est de savoir si cela renforcera vraiment le niveau de durabilité de l’entreprise, et sur ce point, nous émettons encore des réserves pour le moment ; le produit de cet accord pourrait conduire BBVA à augmenter ses prêts ESG, mais il pourrait également n’y avoir aucun impact.

L’émission d’obligations vertes s’accélère alors que de plus en plus d’investisseurs misent sur les questions ESG et la durabilité des entreprises, avec près de 271 milliards de dollars d'obligations émises en 2019. L'utilisation des produits et les rapports ultérieurs ont fait partie des principales préoccupations du secteurs. Bien que nous pensions que cela serait résolu à un certain moment, peut-être même avec un cadre plus standardisé, il n’existe pour l’instant rien pour réguler le produit des transactions « vertes » allant aux projets « verts », et BBVA semble avoir tenu compte de certaines de ces préoccupations.

Dans un premier temps, la banque entend « maintenir un portefeuille de projets au-dessus du produit » pour toutes ses obligations vertes (ou sociales ou durables) afin de garantir sa conformité en matière d’« utilisation des produits ». Deuxièmement, BBVA publiera un rapport annuel sur les obligations préparé par son comité obligataire des ODD (Objectifs de développement durable), qui, nous l'espérons, détaillera chaque investissement vert facilité par l’émission d’obligations. Nous devrons à nouveau faire preuve d’un peu de patience pour voir la gestion de tous ces aspects par la banque, et s’il existe une piste d'audit claire pour l'utilisation des produits.

Le marché des obligations vertes est relativement jeune et toujours en transition. Avec cette émission inaugurale d’un instrument de capital vert ajoutant une autre dimension au secteur, nous sommes impatients de voir comment les investisseurs traditionnels en capitaux bancaires et les acheteurs plus axés sur les ESG gèreront l'innovation. Nous espérons que l’accord suscitera un grand intérêt parmi communauté des investisseurs, ce qui encouragera probablement d’autres banques à suivre ce chemin. Nous devrons attendre pour voir l’évolution du marché, et si les transactions Green AT1 peuvent effectivement encourager les banques à augmenter leurs prêts durables.

En fin de compte, BBVA est une banque que nous suivons depuis longtemps en tant que crédit en général, et au vu des premiers avis sur les prix, un grand nombre d’investisseurs peuvent conclure que la nouvelle obligation semble être intéressante, sur une base de valeur relative, avec ou sans le label vert.

Charlene Malik, Gestion de Portefeuilles, TwentyFour AM

dnca sommes nous a la veille d'un changement de cycle ?

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