Nombreux de nos clients souhaitent transmettre de leur vivant une partie de leur patrimoine à leurs enfants ou petits-enfants dans le simple but de les aider financièrement ou afin d’organiser leur succession.
Mais trop souvent nos clients ne voient que l’avantage fiscal d’une transmission anticipée sans en appréhender les conséquences civiles.

Anne de LanversinEn effet, en cas de donation simple et quelle que soit la nature de la chose initialement donnée, le notaire devra, lors du décès du donateur, tenir compte de la valeur de la chose transmise non au jour de la donation mais au moment du décès, comme si le bien donné n’était jamais sorti du patrimoine du défunt. Cette prise en compte de la valeur des biens objet de la donation simple au jour du décès peut alors rendre très supérieure la part d’un des héritiers par rapport à celle reçue par les autres.

Ex : Supposons que Monsieur DUPONT dans le début des années 1990 ait donné à son fils, Jacques, par une donation simple, une maison située en Dordogne d’une valeur de 300 000 euros, et que la même année il ait également donné à sa fille, Pauline, une petite arcachonnaise situé sur le bassin de même valeur. En cas de décès de Monsieur DUPONT aujourd’hui et si la valeur de l’immeuble périgourdin est estimé à 400 000 d’euros alors que l’immeuble arcachonnais est estimé à 1.000.000 euros, Pauline sera susceptible de devoir à son frère un dédommagement important pour rétablir l’égalité entre eux.

Les conséquences civiles d’une donation simple peuvent s’avérer encore plus désastreuses en cas de don manuel de sommes d’argent pour lesquelles, bien souvent, les clients feront leurs propres démarches auprès de l’Administration fiscale.

Pour illustrer ce propos, admettons que Pauline a reçu par don manuel une somme de 30.000 € qu’elle a investi dans une nouvelle voiture. Jaques, bénéficiaire de la même somme, a lui décidé d’investir dans une jeune start-up pleine d’avenir. Au moment du décès du donateur, il est indéniable que la voiture de Pauline a perdu de sa valeur, alors que la start-up est devenue une société florissante. Jacques devra donc indemniser sa sœur pour rétablir l’égalité entre eux.
Or, généralement, le donateur ne souhaite pas que l’effet du temps favorise l’un ou l’autre de ses héritiers.
 

La donation-partage peut s’avérer alors un outil bien plus efficace pour éviter une transmission subie. Et cela sera d’autant plus vrai que le patrimoine à transmettre comprendra une entreprise familiale.

La donation-partage est un outil privilégié dont la supériorité par rapport à une donation simple est incontestable puisqu’elle permet bien évidemment la transmission anticipée du patrimoine mais de surcroit elle permet d’anticiper le partage de la succession qui pourra être organisée avec les présomptifs héritiers sous la médiation de leurs père et mère, aboutissant à un véritable pacte familial.

Outil de sérénité, la donation-partage suppose l’attribution de droits divis excluant le statut parfois difficile de l’indivision entre les donataires et fige la valeur des biens donnés au jour de la donation-partage excluant les contentieux éventuels sur la réévaluation des biens donnés au décès du donateur.

Outil de souplesse, la donation-partage pourra inclure dans la masse à donner et à partager des biens nouveaux mais il sera également possible d’y incorporer des biens déjà donnés de façon isolée voire la donation-partage pourra comprendre exclusivement sur des biens déjà donnés (sous réserve de l’accord du donataire).
Réalisée par les père et mère, il ne sera pas tenu compte de l’origine des biens (propre ou commune) ce qui facilitera la composition des lots.
 

Outil de stratégie, la donation-partage peut être consentie au profit de plusieurs générations d’héritiers, enfants et petits-enfants. Dite alors donation-partage transgénérationnelle, cette donation transgénérationnelle permet à une personne de faire la distribution et le partage de ses biens et droits en faveur de descendants de degrés différents ; il est donc possible de « sauter » une génération. 

Peut-on cumuler le mécanisme de la réincorporation et celui de la donation-partage-transgénérationnelle ?

La donation partage transgénérationnelle peut comprendre les donations déjà consenties aux enfants et aux petits enfants.
Il est même possible dans la donation-partage incorporant des donations antérieures de changer l’attribution des biens donnés.
A noter qu’en cas de réincorporation d’une donation simple à donation-partage transgénérationnelle, les droits de donation acquittés lors de la première donation s’imputent dans la nouvelle donation-partage transgénérationnelle (CGI Article 776).

Peut-on optimiser la donation-partage transgénérationnelle en optant pour la donation avec réserve d’usufruit ?

Afin d’optimiser cette donation-partage transgénérationnelle, le notaire pourra bien évidemment conseiller à son client une réserve d’usufruit. Seule la valeur de la nue-propriété du bien transmis sera prise en compte pour l’évaluation des droits de donation.
Il sera également possible de prévoir un usufruit successif afin que l’usufruit réservé par le donateur soit lors de son décès transmis à son conjoint, puis au décès de ce dernier à son fils/fille, la nue-propriété des biens étant transmise aux petits enfants.
Nous le voyons, la donation-partage est un outil simple mais efficace, tant civilement que fiscalement, afin d’améliorer la transmission de son patrimoine. Ses caractéristiques pourraient plaire au plus grand nombre. Cependant il est important pour votre notaire de connaitre l’essentiel des tenants et aboutissants de votre projet, afin que ce dernier puisse vous apporter une solution sur-mesure.
 
Caroline LAFFARGUE, Service patrimonial
Etude CHEUVREUX BORDEAUX
[email protected]
 

 

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