Les gros titres prédisant une nouvelle récession ont été monnaie courante en 2019. Nos spécialistes en investissement expliquent pourquoi ils estiment qu’une récession est peu probable dans les neuf à douze prochains mois.

Anne de Lanversin Dans les cycles économiques normaux, les récessions arrivent généralement tous les 7 à 10 ans. Alors qu’aux États-Unis le cycle économique touche à sa fin, voilà dix ans que le pays n’a pas connu de récession. Ce caractère cyclique constitue l’une des raisons principales pour lesquelles beaucoup de gens pensent qu’une récession se profile.

Cette fois-ci, c'est différent.

La peur de la récession est omniprésente depuis le dernier trimestre 2018. Ce sentiment de crainte contraste fortement avec les récessions précédentes, notamment celles du début des années 2000 et d’avant 2008. En 2008 justement, le sentiment dominant n'était pas la peur, mais l’autosuffisance. L'économie américaine, présidée par le président de la Réserve fédérale Alan Greenspan, avait toujours affiché une croissance stable et une faible inflation. De là à penser que les banques centrales avaient gagné la bataille contre le cycle économique et qu'une croissance stable était devenue la nouvelle norme, il n’y avait qu’un pas, que les Etats-Unis ont franchi allègrement. De toute évidence, ils avaient tort.

Aujourd’hui, les décideurs publics sont plus avisés : loin d'être complaisants, ils mettent tout en œuvre pour soutenir l'économie mondiale. Nous avons assisté à trois baisses de taux de la part de la Fed et à une reprise des achats d'actifs par la Banque centrale européenne. La position de soutien actuelle des banques centrales mondiales est l'une des raisons pour lesquelles nous n’envisageons pas de récession dans l’immédiat.

Quel serait le déclencheur ?

Une récession n’arrive pas sans bonne raison. En 2001 et 2002, c'était la bulle Internet qui explosait ; en 2008, il s’agissait de titres adossés à des créances hypothécaires aux États-Unis. Aujourd’hui, nous ne voyons aucun indicateur constitutif d’une bulle. Les taux d'intérêt mondiaux sont exceptionnellement bas et, dans ce scénario, il est normal que la valeur des actifs soit revue à la hausse. Toutefois, cela ne posera pas problème dans les 9 à 12 prochains mois, et nous ne nous attendons pas à ce qu'une bulle déclenche une récession mondiale.

Que disent les données ?

La crainte d'une récession est basée sur des données réelles mais il existe une dichotomie intéressante entre les données manufacturières aux Etats-Unis et en Europe (en particulier en Allemagne), et les données des services non manufacturiers. Le PMI (Purchasing Managers’ Index) américain est sous pression, tandis que la faiblesse du secteur manufacturier allemand a poussé le pays au bord de la récession.

En revanche, les indicateurs du secteur des services sont au vert. Aux États-Unis, la confiance des consommateurs est bonne, les marchés de l'immobilier et de l'emploi se portent bien et l'inflation est maîtrisée. Du point de vue d’un américain moyen, tout va bien : son emploi n'est pas menacé, l'inflation est gérable et la croissance des salaires est raisonnable. Le secteur des services est donc résilient ; il est important de le noter car il représente une part beaucoup plus importante du PIB américain et mondial qu'il y a 20 ans.

Données objectives vs. données subjectives

Il est primordial de faire la distinction entre les données « objectives » et les données liées au sentiment, issues d’un sondage d’opinion par exemple. Lorsque interrogés, les directeurs et gestionnaires ont tendance à être plus négatifs dans leurs réponses et il n'est pas rare de voir une forte baisse dans les sondages après quelques mauvaises nouvelles sur les marchés financiers. Nous préférons donc nous concentrer davantage sur les données concrètes et prendre celles liées à l’opinion avec prudence.

Guerre commerciale : le pire est-il derrière nous ?

Il va sans dire que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a déjà eu un impact significatif sur le commerce mondial. Il semble néanmoins qu'une résolution partielle soit proche et que la guerre des droits de douane se soit calmée. Bien sûr, nous devons rester prudents sur cette question puisque que le consensus trouvé en mai a été mis à mal rapidement après, avec deux tweets malheureux de Donald Trump. Si nous ne nous attendons pas à un règlement définitif de ce conflit, il ne devrait pas non plus déclencher de récession.

L’opinion s'est-elle améliorée ?

Nous pensons que le moral des marchés s'est amélioré sur plusieurs sujets importants comme le Brexit. La livre sterling s'est redressée par rapport au dollar américain (sans toutefois atteindre les niveaux antérieurs au référendum) et le risque d'un Brexit " dur " a diminué. Nous sommes également moins préoccupés par l'inversion de la courbe des taux observée à la fin du mois d'août pour deux raisons : premièrement, ce mouvement s'est inversé et, deuxièmement, nous pensons qu'il s'agit d'un indicateur beaucoup moins pertinent lorsque la Fed américaine adopte une position accommodante, comme c'est le cas actuellement.

En résumé
Le risque de récession n’est jamais à exclure mais après avoir considéré différents facteurs complémentaires, les craintes liées à une récession nous paraissent exagérées. Il existe seulement 20 à 25 % de chances qu'une récession se produise, ce qui est inférieur aux estimations actuelles. Les résultats liés à la consommation pendant la période de Noël seront essentiels pour valider notre point de vue, mais compte tenu de la qualité des bénéfices des sociétés de services au troisième trimestre, nous sommes plutôt confiants.

 

dnca sommes nous a la veille d'un changement de cycle ?

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