Le marché chinois a étonnamment bien résisté depuis le début de cette crise. C'est même l'un des marchés actions les plus performants au monde. Surprenant ! Dans la mesure où le virus y a pris naissance et que l'économie chinoise a toujours été perçue comme un indicateur indirect de la croissance économique mondiale...

L'activité économique en Chine a clairement repris. Les habitants recommencent à sortir et à reprendre leur vie normale. Les mesures de l'activité industrielle retrouvent des couleurs. En revanche, les experts s'accordent à dire qu'une fois le pic initial des cas de virus atténué, nous observerons certainement un pic secondaire lié à la reprise des contacts physiques. Toutefois, ce pic devrait être moins prononcé compte-tenu d'une certaine immunité résiduelle.

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La Chine est peut-être le pays le plus à même à faire face à cette situation grâce à des finances publiques extrêmement solides et des dirigeants autoritaires faisant face à une population généralement docile. Ce faisant, les autorités ont pu prendre des décisions très rapidement et sans rencontrer beaucoup de résistance, aussi impopulaires soient-elles. En jouant sur la puissance financière, le pays a rapidement adopté plusieurs mesures monétaires et budgétaires accommodantes. Les réductions d'impôt ont permis aux ménages de disposer de plus d'argent, qui, d'une manière générale, a été épargné. Ceci s'explique de par l'effet du confinement mais également d'une propension innée à épargner en Chine où il n'existe pas de système de protection sociale et où les taux d'épargne sont beaucoup plus élevés que dans les économies développées. Cette manne financière ne contribue donc pas nécessairement à protéger l'économie dans l'immédiat, mais peut-être considérée comme une consommation différée. Les secteurs économiques les plus affectés en Chine sont les mêmes que dans l'ensemble des autres pays - l'hôtellerie, les transports, les matériaux et l'énergie - mais, comme nous l'avons vu dans le passé, la mainmise de Pékin sur l'ensemble de son système financier peut être extrêmement efficace pour empêcher un effondrement total de l'économie.

La Chine a été le premier pays à entrer dans cette crise. Le pays est en train d'en sortir aujourd'hui.

Il a une longueur d'avance sur l'Occident en ce qui concerne les cas de Covid-19 et la reprise économique. Si nous allons très probablement assister à un ralentissement économique important en Chine cette année, la plupart des observateurs prévoient un rebond à partir du troisième trimestre. Le marché national (indice CSI 300) a enregistré de bien meilleures performances en valeur relative depuis son pic de janvier. L'indice MSCI China, qui est peut-être plus représentatif de ce à quoi les investisseurs internationaux peuvent accéder, a chuté d'environ 20 %, surperformant ainsi aisément l'univers plus large des marchés émergents (indice MSCI Emerging Markets), ainsi que l'Asie (indice MSCI Asia Pacific ex Japan) et le Japon (indice TOPIX).

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Le TOPIX au Japon représente toutes les actions ordinaires nationales cotées à la Première Section de la bourse de Tokyo. A Hong Kong, l'indice Hang Seng est constitué de sociétés hongkongaises et de quelques sociétés chinoises cotées à Hong Kong (les actions de catégorie « H »). L'indice CSI 300 est un indice purement chinois qui regroupe les 300 plus grandes entreprises cotées sur les bourses de Shanghai et de Shenzhen (les actions de catégorie « A »). L'indice MSCI China comprend les actions de catégorie « H », les actions de catégorie « A » et les sociétés chinoises cotées aux États-Unis (ADR[1]).

Comme nous pouvons le voir, le marché national (indice CSI 300) a enregistré de bien meilleures performances en valeur relative depuis son pic de janvier. L'indice MSCI China, qui est peut-être plus représentatif de ce à quoi les investisseurs internationaux peuvent accéder, a chuté d'environ 20 %, surperformant ainsi aisément l'univers plus large des marchés émergents (indice MSCI Emerging Markets), ainsi que l'Asie (indice MSCI Asia Pacific ex Japan) et le Japon (indice TOPIX).

Pour quelle raison ?

Tout d'abord, le marché chinois est l'un des marchés actions les plus tournés vers le marché intérieur au monde avec environ 90 % des chiffres d'affaires générés par des entreprises nationales. Par ailleurs, les indices chinois (à l'exclusion des actions de catégorie « A »/de l'indice CSI 300) sont très fortement influencés par deux sociétés, Tencent et Alibaba (cotées à Hong Kong et aux États-Unis). Elles représentent environ un tiers de l'indice et se sont très bien comportées. Bien que non épargnés, ces modèles économiques sont toutefois relativement bien adaptés à une situation de « confinement ». Ces deux valeurs faussent les fluctuations globales des indices. Toutefois, si l'on regarde au-delà de ces deux valeurs, la plupart des entreprises et des secteurs en Chine se sont mieux comportés que leurs homologues des pays développés, et ce, grâce aux rapides mesures correctrices prises pendant la crise et à un facteur technique : le marché des actions de catégorie « A » n'est réellement accessible qu'aux investisseurs nationaux. Les investisseurs nationaux chinois ont peu d'endroits où placer leur argent et ne peuvent pas le sortir du pays. Aussi, compte tenu du coup de pouce budgétaire qu'ils ont reçu, une grande partie de cet argent devrait être investie sur le marché actions. Le marché chinois est moins « cyclique » que par le passé au regard des pondérations minimes des secteurs de l'énergie ou des matériaux. Cela explique également sa résistance durant cette correction des marchés.

Par Robert Secker, Investment Director au sein de l'équipe actions chez M&G Investments

dnca sommes nous a la veille d'un changement de cycle ?

 

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