Le premier trimestre 2020 a fortement été marqué par une crise sanitaire mondiale qui a provoqué un krach boursier historique, avec une des baisses de marché parmi les plus rapides et les plus violentes jamais connues : -25 % sur l’indice Eurostoxx, une division par trois du taux de rendement des bons du trésor américain et deux-tiers de baisse du prix du baril du pétrole…

Anne de Lanversin

En résumé
« Business as usual » : la sélection de titres est notre savoir-faire, quel que soit le contexte. Cela consiste à échanger régulièrement avec les dirigeants d’entreprises et à rester dictés par les fondamentaux de ces dernières
Ne pas devenir de plus en plus prudent à mesure que le marché baisse : le risque serait de se priver du rebond quand il interviendra, après avoir vécu une telle baisse
C’est l’occasion de recentrer le portefeuille sur les plus fortes convictions et de réduire les plus faibles (environ 10% du portefeuille)
Anticiper les changements de leaderships de marché et de paradigme : identifier les enjeux à moyen terme qui définiront les leaders de la phase à venir

Quelle est votre analyse de cet environnement sans précédent?

Les mesures de confinement permettent de réduire la propagation du virus et les avancées massives de la recherche scientifique devraient bientôt porter leurs fruits sur le plan médical. La pandémie touche tous les continents, pour un total de près d’un million de personnes. Les Etats-Unis sont désormais en première ligne de la crise, ce qui n’est pas surprenant du fait des mesures qui tardent à être déployées.

En conséquence, on compte aujourd’hui environ 3 milliards de personnes confinées dans le monde. Ce qui d’un point de vue économique pèse indéniablement sur la dynamique mondiale :

  • nous anticipons désormais une baisse de la croissance économique pour cette année, qui devrait être suivie par un rebond assez rapide dès 2021
  • les analystes finalisent encore l’évaluation de l’impact de la crise, mais nous anticipons au minimum 10% de baisse des bénéfices par action en 2020

La réaction très rapide et quasi-synchronisée des autorités politiques et monétaires a apporté un certain soulagement. La plupart des Etats et des banques centrales sont à la manœuvre, avec des plans de relance d’ampleur considérable et sans précédent (en période de paix).

Quelles sont les dynamiques boursières en cours ?

L’histoire nous montre que dans 90 % des cas*, les corrections sévères se déroulent généralement en trois vagues avec : une première correction très violente, suivie d’un rebond, avant de retester de nouveaux points bas pour former un plancher. Si l’histoire se répète, on serait probablement au cœur de cette troisième vague. On peut également retenir trois chiffres clés* des précédentes corrections :

  • 1 mois : Le pic de volatilité précède historiquement le point bas de marché, avec un décalage d’un mois en moyenne 
  • 2 mois : les prévisions de bénéfices par action des entreprises affichent généralement deux mois de retard par rapport au point bas de marché, en moyenne historique
  • 50 % : La moitié de l’ampleur des baisses de marché est historiquement récupérée deux fois plus vite que la baisse elle même

De plus, le côté aléatoire et brutal de ces chocs de marché confirme notre principe clé : il faut rester investi dans la durée y compris durant les crises, afin de pas se couper des rebonds du marché.

Quel a été l'impact de ces évolutions de marché ?

En termes de performance relative, notre stratégie est en ligne avec la baisse de l’indice MSCI Europe à fin mars 2020. Avec une exposition à 100% aux marchés, notre stratégie vise au minimum 100% de la phase haussière quand elle interviendra. Cette stratégie a été conçue pour constituer le cœur d’une allocation à la classe d’actifs actions.

En termes de moteurs, la sélection de titres a globalement été positive depuis le début de l’année.

  • Parmi les contributeurs : on retrouve notamment des titres au sein des secteurs défensifs comme la santé ou la consommation
  • Parmi les détracteurs : on retrouve principalement des valeurs au sein de secteurs dont l’activité est à l’arrêt ou presque en raison de la crise (services pour hôtellerie, évènementiel, compagnies aériennes…)

Dans ce contexte unique, nous avons mis en place chez Fidelity une approche globale de l’analyse des titres d’un point de vue de la liquidité et des bilans, conjointement entre les analystes actions et les analystes crédit. L’objectif est d’identifier et de maintenir en portefeuille les sociétés qui bénéficieront de la reprise, sans toutefois subir une dilution du capital. Pour bénéficier de la hausse, vous devez survivre à la baisse. 

Quelle a été l'activité du portefeuille au cours de cette période ?

Nous avons été agréablement surpris par l’attitude vigilante des investisseurs, qui malgré les pics de volatilité ont tenu leurs positions. Nous avons même noté quelques flux positifs sur notre stratégie.

Cette dynamique nous a permis de rester actifs sur le portefeuille depuis la mi-février comme suit :

  • Réduction de l’exposition aux secteurs durablement affectés 
    • Financières - malgré de faibles valorisations et des capitaux solides, les banques notamment, pourraient n’offrir qu’un rebond de courte durée en raison de la sensibilité des bénéfices au cycle économique
    • Energie - le secteur est victime d’un double choc de demande (en raison de la crise sanitaire) et d’offre (lié aux désaccords de l’OPEP+ sur les niveaux de production de pétrole)
  • Augmentation du poids des plus fortes convictions du portefeuille : profiter de la baisse généralisée du marché pour reconcentrer le portefeuille sur les meilleures idées
  • Réallocation progressive vers les titres qui bénéficieront du rebond : des sociétés qui ont souffert de corrections excessives mais qui connaitront une importante reprise d’activité, combinée à une amélioration de leurs parts de marché

Quelles opportunités identifiez-vous désormais?

De toutes situations naissent des opportunités. Au travers de notre approche fondamentale nous ciblons désormais :

  • Des titres résistant bien ou profitant immédiatement de la situation actuelle : notamment au sein des secteurs de la santé / laboratoires pharmaceutiques (car la production de médicaments continue), de la livraison de repas à domicile (en cette période de pic de travail à domicile), mais plus généralement via les médias, les télécoms…
  • Les secteurs qui devraient bénéficier d’une croissance structurelle après la crise : notamment l’équipement des hôpitaux (car c’est leur déficit qui a forcé le gel de l’activité économique) ; les équipementiers télécom (tant il va falloir investir sur les réseaux pour supporter un monde davantage connecté) ; l’univers du « home office », autant via les fournisseurs de logiciels que d’appareils (fabricants de casques audio, systèmes de visio-conférence …) ; et dans ce monde ultra digitalisé, le secteur des semi-conducteurs reste en première ligne
  • Les titres bénéficiant de l’affaiblissement de concurrents, notamment dans des secteurs fragmentés (blanchisserie industrielle, compagnies aériennes, réservation de voyages, automobile, appareils auditifs…)
  • La hausse progressive de l’exposition aux titres qui rebondiront à la fin du confinement, illustrée en Asie par le phénomène dit du « revenge consumption ». Après avoir été mis sous cloche, les consommateurs se ruent vers une consommation de type « feel good », notamment dans les secteurs du luxe, ou des boissons actuellement mis à mal par les fermetures de lieux publics, mais aussi dans un deuxième temps dans le secteur des voyages, en particulier le sous-secteur aéronautique
  • Les valeurs certes endettées mais qui survivront à la crise et dont nous avons vérifié la liquidité : elles subissent actuellement une correction exagérée et offriront à terme le plus grand potentiel de hausse

dnca sommes nous a la veille d'un changement de cycle ?

Pour accéder au site, cliquez ICI.