L'activité reprend en Chine comme semblent le montrer les chiffres récemment publiés pour le mois d'avril. La production industrielle a progressé de +3.9% sur un an. En mars 2020 elle était en retrait de 1.1% par rapport à mars 2019. Les ventes de détail souffrent davantage avec un recul de 7.5% entre avril 2019 et avril 2020 mais se redressent par rapport au mois de mars où le recul était de 15.8% sur 12 mois. La bonne tenue de l'activité industrielle chinoise est essentielle pour le marché des matières premières car la Chine représente près de 50% de la demande planétaire.

Anne de LanversinReprésentant de l'ordre de 14% de la consommation mondiale de pétrole, la Chine pèse aussi sur le marché du pétrole. Le niveau actuel d'utilisation des capacités de production dans certaines raffineries chinoises semblent confirmer cette reprise d'activité puisque les taux d'utilisation de ces raffineries sont supérieurs aux taux observés à la fin 2019.

Enfin si l'on se tourne du côté du marché de l'immobilier, les ventes dans le secteur résidentiel ont baissé de seulement 2.6% sur 12 mois après avoir en février et mars respectivement regressé de 34.7% et 12.1% sur un an. Le retour à la normale semble là-aussi se profiler.

Ainsi la croissance chinoise devrait être de 1.8% en 2020 selon Bloomberg, sous réserve que l'épidémie ne reparte pas. Or la menace n'est pas encore complètement écartée puisque la province de Jilin au Nord-Est de la Chine vient de faire l'objet de mesures de confinement du fait de l'apparition dans cette zone d'un nouveau foyer de l'épidémie. Ce sont ainsi plus de 100 millions de personnes qui sont mises en quarantaine.

Dans ce contexte le parlement a ouvert en fin de semaine dernière sa session annuelle, ce qui a été l'occasion pour les autorités chinoises de fixer les ambitions pour cette séquence.

Mais l'objectif global de croissance pour 2020 n'a pas été défini compte tenu de l'incertitude. Le déficit devrait s'établir à 3.6% du PIB après 2.8% en 2019. Les créations d'emplois dans les centres urbains ne devraient être que de 9 millions contre 11 en 2019. Le chômage urbain augmenterait quant à lui de 5.5% à 6%. Pour jauger ces chiffres d'emploi, il faut néanmoins garder à l'esprit que sur les 442 millions de personnes travaillant dans les centres urbains, 174 millions proviennent des zones rurales et ne sont pas intégrés officiellement dans la population active des villes, réduisant d'autant le taux de chômage officiel en tant de crise. En effet il semblerait que plusieurs dizaines de millions d'emplois aient été détruits ces derniers mois pour ces travailleurs.

Sur le plan internationale la priorité à la stabilisation de la devise a été réaffirmée et la volonté d'appliquer l'accord commercial USA – Chine signé il y a quelques mois a été rappelée.

S'agissant des mesures qui vont être déployées, on citera en premier lieu un plan complémentaire de développement des infrastructures technologiques pour un montant de l'ordre de 500 milliards de dollars, financé par émissions obligataires, qui viendra s'ajouter aux dépenses déjà planifiées, ce qui fera au total près de 2000 milliards de dollars qui seront investis d'ici 2030 dans des technologies d'avenir : Intelligence Artificielle, Date Center, Train à grandes vitesse, Internet des Objets dans l'industrie, stations 5G, stations de chargement pour les véhicules électriques, lignes électriques ultra-haute tension.

Cette relance à 500 milliards paraît peu ambitieuse au regard de la taille de l'économie chinoise mais le niveau d'endettement global de la Chine est surveillé de très près par les autorités chinoises qui ne souhaitent pas faire de surenchères. Baisse d'impôts, de taux d'intérêt et de réserves réglementaires sont également prévues.

La Chine poursuit ainsi sa progression sur la voie de l'innovation technologique avec pour ambition de dépasser les USA sur ce sujet. Soucieuse de préserver les équilibres financiers, les autorités chinoises procèdent à une stimulation mesurée. Ainsi cette fois-ci la relance chinoise ne sortira pas seule l'économie mondiale de ses difficultés.

Par Florent Delorme, Stratégiste chez M&G 

 

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