Si la crise du coronavirus a conduit à la plus forte et la plus rapide contraction économique de l’histoire, le rebond des indices (avec un nouveau record du Nasdaq à la clé) et le redémarrage de l’économie depuis la mi-mars en a surpris plus d’un. Cependant, les craintes d’une deuxième vague de la pandémie ou d’une stagnation de l’emploi font craindre d’un scénario en double creux (ou double dip en anglais). Au-delà des fondamentaux, je m’attarde aujourd’hui sur l’histoire en observant les différents scénarios. Synthèse et analyse.

 a. Les faits

Les États-Unis affichaient une solide croissance depuis la fin de la crise financière de 2009. Le président Donald Trump s'était félicité des 2,3% en 2019 et visait 3% par an. La bonne santé de son économie était d'ailleurs un argument de taille dans sa course à la réélection à la Maison Blanche.

Mais le Produit intérieur brut (PIB) de la première économie du monde a chuté de 4,8% au premier trimestre, victime des mesures de confinement mises en place pour enrayer la progression de la pandémie. Alors que nous sommes actuellement en phase de redémarrage de l’économie, les éléments sont encore assez fragiles pour l'instant, il n'y a donc aucune garantie que nous soyons sortis d'affaire.Capture décran 2020 06 24 à 12.59.45

Rappelons que des millions de personnes continuent de déposer une demande d'emploi chaque semaine et un bon nombre d'industries et d'entreprises ne tournent pas à plein régime. Apple vient même de décider de fermer certaines boutiques dans des États américains connaissant un rebond des cas de coronavirus. La question d’avoir un scénario en double creux se pose alors aujourd’hui.

b. Que nous raconte l’histoire ?

Si les mesures de relance budgétaire et monétaire ont permis de maintenir l'économie à flot ces derniers mois, un retrait prématuré pourrait signifier un ralentissement sévère. Même conclusion dans le cas d’une seconde vague de coronavirus qui obligerait les gouvernements à reconfiner la population. Un scénario en double creux n’est donc pas de l’ordre de l’impossible. Passage en revue :

  • 2008

En revenant dans un passé récent, après la crise de 2008, beaucoup d’économistes pariaient sur un scénario en double creux qui en définitive ne s’est jamais réalisé puisque l’on a connu la plus longue expansion de l'histoire américaine.

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  • 1980

Avant le recul de 2020, la contraction économique la plus courte jamais enregistrée a eu lieu au cours du premier semestre de 1980 et n'a duré que 6 mois. Puis, un an plus tard, le pays retombera en récession. Cette double récession n'aura pas été causée par une erreur politique, mais plutôt par une erreur de politique monétaire. En effet, pour faire face à la hausse des prix, Paul Volcker avait augmenté les taux d'intérêt à un point tel qu'il fera basculer l'économie dans une importante récession (avec la bénédiction du président Reagan).

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  • Depuis 1850

Si on remonte maintenant jusqu’en 1850 on constate qu’il y a eu deux phases distinctes : l’avant et l'après Seconde Guerre mondiale. C’est-à-dire la période où les États-Unis étaient encore une puissance économique émergente et la période où les États-Unis sont devenus « matures » et diversifiés. Les récessions se sont alors raccourcies tandis que les expansions se sont allongées notamment grâce à l’aide de la Réserve fédérale américaine (et plus globalement des banques centrales).

c. La récession en double creux

Si on suppose qu'une période de 18 mois entre deux contractions économiques est un laps de temps assez court pour appeler cela une récession en double creux on peut faire de nombreuses observations depuis 1850. Tout d’abord on peut dire qu’il y a eu 5 récessions en double creux sur un total de 34 (sans compter la récession actuelle).

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Ensuite, la période la plus courte entre deux récessions s'est produite au lendemain de la pandémie de ... grippe espagnole de 1918. Cette courte récession a été provoquée d’une part par la fin de la guerre et d’autre part par la pandémie de l'été 1918 jusqu’au printemps 1919. Elle a été suivie dix mois plus tard par la dépression de 1920-1921 qui avait duré un an et demi.

Il y a également eu une récession au début de la Première Guerre mondiale. Les autres récessions consécutives ont eu lieu dans les années 1800.

d. Synthèse

Si on se fie à l’histoire, il est très peu probable que l’on puisse avoir deux récessions la même année ou même deux récessions qui se produisent sur une période de moins de deux ans. Le plus grand risque qui pourrait provoquer une telle situation ne vient probablement pas de la pandémie elle-même, mais d'une erreur politique du gouvernement.

 

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