Ne manquez pas le portrait d'Eve-Marie DYON, Gérante Fondatrice & Consultante en stratégie patrimoniale à EMD Patrimoine.

Ronan-Le-Calvez

1) Quel est votre parcours ?

Depuis mon plus jeune âge, j’ai baigné dans le milieu du sport et de la compétition. Native de Serre-Chevalier, j’ai pratiqué pendant de nombreuses années le patinage artistique en sport-étude. Force est de constater qu’une carrière de patineuse est bien éphémère et la sélection naturelle, due aux blessures sévères, m’a contrainte à me tourner vers d’autres passions qui ont été les courses sur glace (Trophée Andros) et à titre de loisir, j’ai pu retrouver la passion familiale qu’était le ski alpin.

Plus sérieusement, après le bac, j’ai intégré la classe préparatoire ENS Cachan (Normale Sup) en économie à Lyon. Je n’avais qu’une seule ambition depuis de nombreuses années : travailler à l’international. Je m’étais donné les moyens en pratiquant à l’époque cinq langues (français, anglais, espagnol, italien, russe). Je rêvais alors d’être l’ambassadrice de presque n’importe quelle entreprise, pourvu que je puisse être globe-trotteuse, valise sous le bras. Me voilà aujourd’hui, pourtant, dans l’un des métiers les plus franco-français : la gestion de patrimoine !

C’était sans compter qu’à la sortie de ma prépa, j’ai voulu intégrer un cursus en alternance (n’importe lequel !) afin de valider une 3ème année pour ensuite intégrer l’école de commerce de Grenoble (bien plus près de mes montagnes que Lyon !). L’envie d’indépendance était déjà très présente, je ne concevais plus de ne pas être financièrement autonome et ne pas m'affranchir de mes parents. La gestion de patrimoine était une formation idéale...des fois que je gagne quelques sous un jour !

Voilà donc mes plans mis à mal, mon itinéraire et mes ambitions de globe-trotteuse envolés, mais la passion naissante du métier avait déjà pris le dessus d’un avenir trop bien tracé. Me voilà intégrée dans un cabinet de CGP grenoblois. Après trois ans, j’ai décidé à 24 ans de voler de mes propres ailes et de créer mon cabinet “from scratch” et selon mes propres convictions. Le cabinet a pris un premier tournant en 2014 qui allait s'avérer décisif en intégrant Lilian Duperray, stagiaire devenu co-gérant ! Puis en 2018, suite à l’achat de deux cabinets, le cabinet a continué à son développement. Moi qui étais anti-croissance externe, la passion entrepreneuriale a pris le dessus...

 Concernant mon cursus de formation, j’obtiens en 2011 le diplôme d'Expert en gestion de patrimoine délivré par l’AUREP. C’est avec grand plaisir que j’ai pu suivre les cours notamment de monsieur Jean AULAGNIER, qui guide en grande partie mes convictions ; puis la formation IPCE (Ingénierie patrimoniale du chef d’entreprise) de Jacques DUHEM en 2015. En 2018, j’ai obtenu le certificat de retraite du dirigeant salarié et non salarié auprès de Paris Dauphine. Dès janvier prochain, je retournerai sur les bancs de l’école afin d’obtenir le certificat « Métiers du Family Office » (AFFO-AUREP).

2) Votre cabinet aujourd’hui ? Description de la structure et spécificités éventuelles ? 

Étant un petit peu chauvine, cela ne vous étonnera pas si je vous dis que le siège du cabinet est situé à Serre-Chevalier. Néanmoins, nos bureaux principaux sont à Grenoble où se situent “la force vive” et l’ensemble de l’équipe. Nous avons également des bureaux à Auxerre et Paris, bassins sur lesquels nous avons de nombreux clients.

Le cabinet vient de fêter ses 10 ans en février dernier et il a bien évolué depuis toutes ces années puisque nous comptons désormais dix collaborateurs. Je pense que le cabinet est à l’image d’une famille qui se développe et se renforce dans le temps. Chacun apportant sa spécificité et sa pierre à l’édifice.  

Cette philosophie explique en partie pourquoi la plupart des collaborateurs ont la possibilité de devenir associés au fil des années dans la structure. Cela n’exclut bien évidemment pas les conditions de mérite et de travail qui entrent également en ligne de compte.

Par ailleurs, la formation est un point très important et un enjeu fondamental des prochaines années du fait de la multiplication des lois, de la conjoncture, et de leur évolution constante dans le temps. 

À ce titre, nous tenons, effectivement, à ce que tous les collaborateurs du cabinet soient « aurépiens » et obtiennent donc le certificat délivré par la prestigieuse école de Clermont-Ferrand. Cela étant une base indispensable, selon moi, afin d’avoir un conseil harmonisé d’un point de vue juridique au sein du cabinet. 

En parallèle, nous suivons un nombre important de séminaires d’actualisation notamment ceux de Jacques DUHEM ou d’autres intervenants de qualité. 

Enfin, parce que l’évolution et le développement du cabinet ne doivent jamais s’arrêter, nous avons de nombreux projets en cours : développement d’un logiciel métier, organisation de l’EMD Ski Challenge (courses de ski à Serre-Chevalier ouvertes à tous), création d’un family office pour une dizaine de clients tout au plus, etc.

3) Quelles sont les conséquences, à votre avis, d’une réglementation de plus en plus forte ? Et que pensez-vous de la disparition du 3ème usage du courtage ?

Une réglementation plus stricte et plus forte était nécessaire car, il y avait dans notre métier, des faiblesses et lacunes qui devaient être corrigées. En ce point, le durcissement de la réglementation était nécessaire. 

Néanmoins, cette évolution ne doit se faire ni au détriment des cabinets ni au détriment des clients. Au niveau des cabinets, l’aspect réglementaire devient de plus en plus lourd à gérer et chronophage. J’ai vraiment le sentiment que beaucoup s’attarde davantage à être “dans les clous” en terme réglementaire, craignant le moindre défaut de conseil, plutôt que de s’attacher aux vraies problématiques du client.

Ainsi, nous attachons beaucoup de temps à innover et trouver des solutions pour concilier les deux. C’est pourquoi, en collaboration avec Moonshot Labs, société grenobloise spécialisée en la création de nouvelles structures, nous développons un logiciel métier qui consiste à industrialiser des process pour rester des artisans du conseil. 

Jamais je n’admettrai que le “trop de réglementation” prenne le pas sur nos formations ainsi que sur le temps que nous accordons à nos clients. Je suis également dépitée par la médiocrité des formations réglementaires obligatoires qui n’apportent rien à la profession, alors que certaines de très grandes qualités sont dispensées sans validation. Cela est bien dommage. La réglementation doit servir le métier et le client. Au niveau des clients, la réglementation devrait, selon moi, leur apporter une meilleure compréhension du produit et une vision claire de ce dernier. Or, je ne suis pas convaincue que la croissance exponentielle des documents à remettre et leur complexité, apporte un meilleur éclairage à nos clients. Cela ne fait qu’augmenter le trouble chez eux. Il faudrait d’ailleurs juger davantage le fonds que la forme...

Enfin, s’agissant de la disparition du 3ème usage du courtage, celle-ci est tout à fait compréhensible. Il faut en finir avec la génération du tout acquis. Le métier change et ce n’est pas plus mal. Néanmoins, il convient que cette pratique soit tout de même encadrée afin d’éviter que des « pillages » de portefeuilles clients soient effectués.

4) Quels sont vos partenaires privilégiés ?

Nous sélectionnons nos partenaires en fonction de critères particuliers tels que l’esprit d’innovation, la digitalisation, l’efficacité du back-office, la disponibilité et l’écoute de notre inspecteur et des équipes. 

En matière de placements, notre part de contrats luxembourgeois devient de plus en plus importante. Force est de constater que nous jouissons d’une très grande liberté (voir totale), avec la possibilité de crédits nantis. 

Enfin, en ce qui concerne plus particulièrement les sociétés de gestion, nous sommes très attentifs à la présence ou non de fonds labellisés ISR (Investissement Socialement Responsable). Nous sélectionnons nos fonds selon nos propres convictions. Au sein de notre projet Colibri (cf. infra), nous nous sommes fixés en interne des objectifs afin que progressivement (mais sûrement !) notre encours ISR représente au moins 50 % de notre cabinet d’ici 2025. Cela reste relativement ambitieux car il ne suffit pas qu’un fonds soit labellisé ISR pour que nous nous empressions d’y souscrire, nous avons mis en place nos propres critères de sélection. 

Concernant l’ISR encore, il faut le faire par conviction et savoir expliquer le fonds.  

5) Comment gérez-vous la crise actuelle ?

Dès le début de cette crise et suite à l’annonce du confinement, nous avons décidé d’envoyer une newsletter à nos clients et dont les dernières phrases étaient les suivantes : 

« Chers clients, nous demeurons optimistes parce qu’en réalité ce-n’est-pas-la-guerre! Vivons ces moments comme une parenthèse dans notre vie, qui alimenteront nos discussions futures. Cueillons des souvenirs de ce moment finalement exceptionnel (au sens de rare), recentrons-nous sur l’essentiel que sont notre santé, nos amis, et nos familles, sur nos valeurs, et également notre façon de consommer. Et une fois que le nuage sera passé, la fête n’en sera que plus belle. »

Nous souhaitions montrer à nos clients que nous étions présents auprès d’eux et que ce n’était pas la fin des temps comme nous pouvions l’entendre parfois mais plutôt comme, peut-être, la fin d’une époque entraînant des changements. Après, je reste très pragmatique, en cas de crise sans précédent, la seule chose dont nous ayons besoin c’est de revenir aux besoins primaires que sont se nourrir et se chauffer. Le meilleur conseil pour les plus frileux, restera donc un petit lopin de terre fertile ! 

Le confinement a été également l’occasion pour nous de développer au sein du cabinet notre “projet Colibri” consistant à :

  1. Réduire voire neutraliser notre impact environnemental professionnel ;
  2. Modifier notre manière de consommer ;
  3. Sensibiliser à un mode de consommation durable et responsable nos collaborateurs et nos clients ;
  4. Financer des projets éthiques, sportifs, sociétaux et durables ;
  5. Convertir à notre échelle, la finance en vue de la responsabiliser.

Concrètement, cela se traduit notamment par le fait d’acheter des consommables provenant de forêts responsables, avoir un parc automobile avec une faible émission de CO2 (véhicules hybrides ou électriques, acheter du matériel informatique d’occasion, développement de la signature électronique, ou bien encore organiser une journée de ramassage de déchets en montagne, financer le sport, etc.). De manière plus originale, nous sommes également très attachés au bien-être des collaborateurs, c’est pourquoi, le cabinet a pris en charge l’inscription dans une salle de sport ou encore la mise en place de cours de piano chaque semaine au cabinet pour favoriser la sérénité au travail. 

Enfin, sur ce sujet, je souhaite également féliciter une grande femme de la profession, Pascale Baussant, qui est une source d’inspiration pour l’ensemble de notre équipe, mais également pour de nombreux entrepreneurs, désireux de bouger les lignes en matière environnementale et sociétale. Je ne peux que recommander à chacun de s’inspirer, sans modération, de son livre Petit Manuel pour l’entreprise, comment agir pour le climat.


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