Mais parfois cela dérape… l’analyse résumée de Quilvest Gestion.

« Contrairement à ce qui était anticipé par la communauté financière au coeur de l’été - c’est-à-dire avant la dévaluation chinoise - la banque centrale américaine n’a pas modifié le niveau de son taux directeur de référence, choisissant, à une large majorité des membres de son comité, de le maintenir au plancher actuel.

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La cause de ce nouveau renoncement reposerait, semble-t-il, sur les craintes provoquées par la situation économique de la Chine qui devient ainsi le nouveau paravent derrière lequel les responsables de la Fed ont décidé de cacher leurs très vives appréhensions, les-uelles sont à l’origine de ce statu quo répété.

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Si ces hypothèses (ralentissement économique chinois, puis américain) se concrétisent, le rôle et les intentions de la Fed devraient être examinés avec une intensité renouvelée. Tout le monde comprend en effet qu’ayant refusé de normaliser la politique monétaire américaine en temps utile, l’institution est placée dans une position plutôt inconfortable…

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Quand la décision sera prise d’augmenter les taux d’intérêt (et elle le sera probablement un jour), la Réserve fédérale prévoit de placer cette machinerie à l’intérieur des mécanismes familiers de l’ancien système. Elle va sans doute annoncer une augmentation du taux de fonds fédéral, le taux d’intérêt payé par les banques pour emprunter des réserves, qui passera de la fourchette actuelle (0 à 0,25 pour cent) à une nouvelle fourchette, probablement située entre 0,25 et 0,5 pour cent. La Fed ne prévoit pas d’expliquer que ce nouveau taux est en réalité un accessoire et que le vrai travail lié à l’augmentation des taux d’intérêt se fera en coulisse, avec ces nouveaux outils.

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Cependant, il existe au moins trois raisons pour lesquelles les marchés restent risqués parce que de moins en moins prévisibles.

- L’avènement d’un système financier mondial interconnecté a affaibli l’influence de la Réserve fédérale sur les taux d’intérêt. Quand la Fed a augmenté les taux à court terme en 2004, les responsables ont été surpris que les taux longs ne suivent pas car le marché de l'immobilier et d’autres investissements nationaux ont été inondés par de l’argent étranger. Cette fois, de nombreux facteurs suggèrent que les problèmes rencontrés par d’autres économies développées pourraient venir compliquer le relèvement des taux d’intérêt par la Réserve fédérale.

- Le public de la Fed est de plus en plus composé de programmes informatiques qui commencent à acheter et à vendre des titres avant que les humains aient le temps de lire les premiers mots de la déclaration de politique de la Fed, ce qui met en place les conditions de nouvelles formes de chaos. Le 15 octobre 2014, par exemple, les programmes de trading automatiques ont totalement déréglé le prix des titres du Trésor américain. Pendant 12 minutes ce marché, l’un des plus liquide au monde, a connu les modifications de cours les plus importantes de son histoire et pourtant le rapport commandé par le gouvernement à ce sujet n’a trouvé aucune explication à cette aberration

- Enfin, selon plusieurs investisseurs, ces changements de réglementation mettent certains gros courtiers sur la touche car ils compliquent les ventes et les achats, même sur le marché très liquide des titres du Trésor. Cela peut exacerber les mouvements des marchés car quand les gens achètent ou vendent à la hâte, ils ont tendance à se tourner vers les meilleures offres disponibles. « Le marché n’est pas aussi profond qu’avant,» a dit Tad Rivelle, responsable des investissements à revenu fixe chez TCW, une société d’investissement de Los Angeles qui gère certains des fonds d’obligations les plus importants au monde. « On fait les mêmes opérations, mais elles prennent plus de temps. »

FL/SL