La rationalité, difficile à percevoir de ce conflit, semble aussi disparaître sur les marchés au vu de la forte volatilité de ces derniers jours.
Les craintes militaires, nucléaires, humanitaires restaient exacerbées en début de semaine dernière. Puis, malgré la dure réalité du terrain, de faibles espoirs sont apparus sur des prémices de négociations entre l’Ukraine et la Russie. Sur les marchés d’actions européennes, l’Eurostoxx 50, après avoir atteint un point bas lundi dernier à l’ouverture qui effaçait tous les gains confortables de l’année 2021, connaissait un rebond inédit de plus de 7 % dans la seule journée de mercredi.
Au vu des décisions américaines d’embargo des importations de pétrole et de gaz russe, les cours du pétrole (Brent) affichaient en revanche en début de semaine un point haut record, proche de 140 $, rejoignant des niveaux connus lors de la crise de 2008. Les cours reperdaient presque 20 % sur la fin de semaine, sur les doutes que l’Europe puisse aussi s’affranchir des approvisionnements en gaz russe.
Les sanctions continuent cependant à s’accumuler quotidiennement autour de l’économie russe.
Dans ce contexte, lors de sa réunion du jeudi 10 mars, on attendait plutôt une Banque centrale européenne très prudente dans son discours. Paradoxalement, elle confirmait sa volonté de resserrer sa politique monétaire en avançant la date de la fin de ses programmes d’achat (APP), laissant augurer des remontées de taux directeurs d’ici fin 2022. A sa décharge, elle révisait ses prévisions d’inflation en forte hausse, à 5,1 % en 2022 contre 3,2 % initialement prévus. La croissance était revue à la baisse à 3,7 % contre 4,2 % auparavant. Ces révisions seront certainement encore amplifiées dans les prochains mois au vu de l’impact du conflit sur la conjoncture européenne et mondiale. Le risque de stagflation est de plus en plus prégnant.
Suite à cette réunion, les taux en Europe se sont retendus de nouveau, retrouvant leur niveau d’avant conflit, les craintes sur l’inflation reprenant le dessus et le taux allemand repassant en territoire positif à +0,25 %. Les taux périphériques européens, bien orientés jusqu’alors, voyaient leurs spreads se dégrader contre Allemagne sur les perspectives rapprochées de la fin de la politique quantitative.
A la veille d’une réunion très attendue de la Réserve fédérale (Fed) le 16 mars, les taux américains étaient aussi sur une tendance haussière, se rapprochant des 2 % sur la maturité 10 ans. Les anticipations se portent sur une hausse du taux directeur qui marquerait le début d’un cycle de resserrement monétaire assez rapide sur toute l’année 2022 au vu d’une économie américaine moins impactée pour l’instant mais qui ralentirait à partir de 2023. Le marché attend également des éclaircissements sur les modalités de la diminution annoncée du bilan de la Fed. Le 17 mars, la Banque d’Angleterre devrait aussi poursuivre sa remontée de taux directeurs.
Les statistiques de la semaine illustraient les inquiétudes des banques centrales, avec la publication des prix à la consommation en février aux Etats-Unis en hausse de 7,9 % sur un an (pour rappel le chiffre européen sorti la semaine précédente pour février était déjà à +5,8 %). La semaine prochaine, les prix à la production aux Etats-Unis devraient s’afficher également sur des niveaux records proches de +10 % sur un an et il faudra surveiller la dynamique de ventes au détail.
Nous réalisons, à travers les variations de la semaine, toute l’incertitude qui règne sur les marchés, et la fragilité du moindre espoir de paix qui apparaît toujours assez éloigné au grand désespoir de la population ukrainienne.
Source : Ecofi, au 11 mars 2022 - Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures. Document non contractuel. Le présent document contient des éléments d’information, des opinions et des données chiffrées qu’Ecofi considère comme exacts ou fondés au jour de leur établissement en fonction du contexte économique, financier ou boursier du moment. Il est produit à titre d’information uniquement et ne constitue pas une recommandation d’investissement personnalisée.
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