Vincent Auriac, président d'Axylia, société de conseil dans le domaine de la finance responsable, donne son point de vue sur l'Investissement Socialement Responsable.

L’ISR, de quoi s’agit-il ?

La mise en place de la finance éthique en France date des années 80. A l’époque, Sœur Nicolle Reille a créé un fonds « Nouvelle Stratégie 50 » destiné à financer les retraites des religieuses. Elle a rédigé un référentiel très complet : le fonds devait correspondre à une éthique très stricte en matière de comportement social, de respect de l’environnement, de non exploitation de la population des pays pauvres et de pratique commerciale. Il n’existe pas de référentiel aussi exigeant de nos jours ! Ces fonds avaient un sens, on pouvait vraiment parler à cette époque de finance éthique. Plus tard, on est passé à l’ISR puis à l’ESG mais en perdant en route le grand public qui ne représente plus que 20% du marché.

Aujourd’hui comment accompagnez-vous vos clients ?

Les associations et les fondations qui disposent de réserves financières recherchent de plus en plus ce type d’investissement. Elles partent d’un constat simple : l’argent ne rapporte plus rien, il vaut mieux investir utile

Les clients veulent une finance responsable au sens propre, avec une traçabilité. Quand le fonds ISR n’apporte pas de preuve, je ne retiens pas de fonds ISR.

Souvenons-nous de ce rapport de l’AMF de novembre dernier, qui était très critique sur l’ISR ! L’AMF qualifie l’ISR de concept polymorphe et flou. (1) 

Alors pour ou contre l’ISR ?

Pour ! Mais je suis un défenseur exigeant de l’ISR : il faut analyser les fonds, mesurer leur empreinte carbone par exemple. Les analyses révèlent qu’il existe des fonds labélisés ISR qui émettent deux fois plus de carbone qu’un fonds lambda !

Je suis convaincu que les consommateurs, de plus en plus sensibles aux problématiques liées à la santé et à l’environnement, assureront le succès des sociétés qui sauront répondre à leurs attentes.

Quid de l’appétence des particuliers pour l’ISR ?

Force est de constater que les particuliers n’adhèrent pas l’approche « best in class » ; dans leur intelligence collective, ils ne pensent pas que le pétrole ou le tabac est socialement responsable.

EF/FL

Voir aussi

(1) pour accéder au rapport de l'AMF, cliquez ICI