Le régulateur européen des marchés financiers, l’ESMA (European Securities en Markets Authorities) découvre que les frais impactent de manière significative les performances des fonds d’investissement » … Il était temps.

Il y a parfois chez le Régulateur quelque chose qui relève des Shadoks et du mouvement perpétuel : il redécouvre avec une ingénuité assez confondante des évidences dont l’industrie a pris conscience depuis des lustres.

Ainsi, l’ESMA vient de publier une étude intitulée « Performance and costs of the retail investment products in the EU ». Plus de 100 pages pour apprendre qu’in fine les frais prélevés sur les fonds sont payés par les investisseurs et qu’ils viennent en déduction de la performance.    

On apprend dans cette étude de référence que les frais des parts institutionnelles sont souvent plus importants que les frais des parts retail. Que de manière générale les fonds actions ont globalement des frais plus élevés que les fonds obligataires. Qu’il existe des disparités au niveau des frais au travers des différents pays européens.

La belle affaire : cela fait plus de 10 ans que des organismes comme Morningstar ont mis le phénomène en exergue. En France l’Inspection générale des finances s’est, en 2009, penchée sur la question en s’intéressant aux frais des FCPI et FIP.

Bref, cette question est rebattue et le cadre réglementaire a déjà évolué en conséquence avec l’obligation de publier les frais supportés par l’investisseur, et dans certaines situations un plafonnement.

Le sujet n’est plus de savoir si les frais impactent la performance. Mais bien de savoir s’ils sont légitimes ou pas : est-ce qu’au regard des frais il y a une prestation, une valeur ajoutée qui les légitime ? C’est la vraie question.

Au lieu de cela, on assiste actuellement à une forme de lynchage : aujourd’hui les frais sont devenus par principe suspects car les gérants gagneraient trop d’argent. Peut-être, mais selon quel référentiel ? Par rapport à quoi ?

De technique, la question des frais est devenue morale. Certes, cela peut-être une question intéressante; mais c'est une autre question. A mélanger les 2, la réflexion ne gagne pas en clarté. Pas sûr que la protection des investisseurs en sorte renforcée.

S.D. est directeur grands comptes d’une compagnie d’assurance.