Est-ce que cela a encore un sens d’investir sur une classe d’actifs locale (Allemagne, France, Belgique, etc) alors que les marchés boursiers sont de plus en plus intégrés, et surtout après le problème Volkswagen ?

« Les Allemands n’ont jamais eu la réputation d’être élégants, charmants ou amusants. Mais ils étaient au moins reconnus pour avoir des ingénieurs valables et dignes de confiance. Nos voitures étaient appréciées et achetées pour cette raison. Ce n’est plus le cas. A cause de Volkswagen, nous nous sentons tous honteux.

Quelle tristesse de voir des salariés trahir leur profession en trompant les régulateurs dans le seul but de protéger leurs carrières vis-à-vis de patrons autocratiques qui veulent des résultats et ne tolèrent aucun avis contraire ?

Le scandale Volkswagen secoue les fondements mêmes du monde des affaires en Allemagne. Je crois que les implications seront bien plus importantes que ce que nous voyons maintenant.

Les coûts pour Volkswagen sont énormes : amendes des régulateurs, poursuites civiles et criminelles. 20, 30 milliards d’euros. Quand tout cela sera fini dans 5 ans, la société aura perdu sa position dominante. La R&D aura été utilisée pour payer les amendes, l’esprit entrepreneurial aura été détruit. Siemens, qui a subi un sort similaire lors du scandale de corruption, est à peine en train de s’en relever.

Ce scandale touche au cœur les Allemands et le milieu des affaires allemand. Qui d’autre a triché ? Nous n’en savons rien. Les concurrents automobiles ? Leurs fournisseurs ? D’autres dans l’industrie allemande ? L’incertitude nuit aux affaires.

Mon impression personnelle demeure que la plupart des sociétés du Mittelstand allemand (grosses PME) sont extrêmement bien gérées. Des sociétés aussi diverses que Kuka (robots industriels),KWS (semences agricoles), Kion (chariots élévateurs), Symrise (création de parfums), Fuchs (lubrifiants), Rational (matériel de cuisson), Nemetschek (logiciels d’architecture) ou Grenkeleasing (leasing IT small ticket) sont des exemples d’excellence. Leur cours de bourse a d’ailleurs moins baissé que celui des grandes capitalisations du DAX. J’ai confiance dans ces sociétés, elles sont remarquables, certaines d’entre elles sont gérées par des familles.

J’espère que la confiance reviendra pour ces grandes sociétés qui le méritent. J’espère que le scandale restera limité à Volkswagen.

Hendrik Leber, fondateur d’Acatis, société de gestion allemande présente en France au travers de plusieurs fonds.