Assiste-t-on à un retour en grâce des marchés latino-américains auprès des investisseurs ? C’est la thèse que soutenait hier Abdallah Guezour, directeur de l’équipe dette émergente chez Schroders.

Selon la société de gestion, l’essentiel des rendements des deux prochaines années sur le marché émergent viendra… des devises. Et c’est particulièrement vrai pour le Brésil et l’Argentine.

Après la chute du réal brésilien face au dollar à la fin de l’année 2018, les craintes sur la croissance du plus grand pays d’Amérique latine ne sont plus d’actualité.

Depuis l’élection de Bolsonaro, on a observé une appréciation du real par rapport aux autres monnaies émergentes. Abdallah Guezour est persuadé que « la reprise du crédit bancaire qui arrive va permettre de soutenir la croissance brésilienne dans les mois à venir ».

La dette argentine, elle aussi, suscite de l’intérêt chez Schroders. Avec une dévaluation de 30% du peso au mois d’août, le pays risque certes d’aller vers un effondrement du système bancaire et politique (nouvelles élections en octobre 2020) semblable à celui de 2001.

Mais Abdallah Guezour table sur une « recovery » de la troisième puissance économique d’Amérique latine : puisqu’il ne sera plus nécessaire de dévaluer la devise locale, le potentiel de rebond sera plus important une fois le pays redevenu stable politiquement.

Certes, les investisseurs doivent faire face à une forte volatilité, mais elle ne semble être que de court terme en attendant le rééchelonnement de la dette assure Schroders.

Cette situation fait écho, selon le gérant, à la situation de la dette grecque il y a 4/5 ans. Rappelons que le 10 ans grec était à 37% en 2012 et qu’il est aujourd’hui à 1,83%.

Contre toute attente, la dette chinoise n’intéresse pas particulièrement la société de gestion, à cause entre autres de l’endettement majeur de l’Empire du Milieu ainsi que du rendement peu attractif des obligations.

Schroders est aussi persuadé que les dettes indienne, indonésienne, russe et d’Afrique du Sud offrent un bon potentiel sur les mois à venir.