Blitz interview avec Karine Hirn,  Associée chez East Capital en charge de l’Asie.

 

Quelle est votre vision des migrations massives qui arrivent sur l’Europe de l’Ouest ?

Cela ne nous impacte pas en tant que tel, nous sommes investis en Europe de l’Est. Mais il y a 2 phénomènes liés : d’une part des tensions au Moyen Orient et sur les pays économiquement faibles du pourtour, et d’autre part cela pose la question de la cohésion interne de l’Europe. C’est un moment de vérité pour l’Union.

 

La Chine, respiration ou essoufflement ?

Ni l’un ni l’autre : la Chine est sur une trajectoire qui s’est mise en place il y a plusieurs années ; le passage à un nouveau socle de croissance économique qui passe entre autres par la stimulation de la consommation.

 

Que pensez-vous des marchés latino-américains ?

La question se pose pour nous : nous avons un fonds global qui investit dans les marchés frontières depuis l’année dernière et il est difficile de se positionner sur certains marchés, comme l’Argentine, qui a été très spéculatif et déçoit maintenant en amont de l’élection présidentielle.

 

Quel sont les 3 nuages que vous voyez à l’horizon ?

On voit un énorme cyclone : la Fed dont la décision de relever les taux a un impact énorme sur les émergents. On n’a aucune visibilité sur le timing… Cela plombe la gestion au quotidien, en bouchant les perspectives, car les flots monétaires sont perçus comme plus importants que les fondamentaux des entreprises. Et puis 2 nuages de taille normale : la position européenne à l’égard des sanctions imposées contre la Russie  et le 5ème Plenum du Parti communiste chinois le 26 octobre. Mais ce dernier n’est pas réellement un nuage.

 

La Russie a-t-elle les moyens de devenir une superpuissance comme le veut Poutine ?

Elle en a les moyens financiers, elle est bien moins vulnérable que ce que se plaisent à imaginer de nombreux commentateurs. En revanche le pays a un vrai besoin de réformes économiques pour diversifier son assise, et de mettre en place des politiques d’investissements productifs.

 

Quelle place faut-il faire aux émergents dans un portefeuille ?

C’est une question difficile, c’est beaucoup lié à la situation de chacun, à l’âge, etc. Si on est jeune, on peut raisonnablement avoir environ 20% de son portefeuille sur les émergents.

 

Et dans 5 ans ?

Bien sûr l’exposition augmentera… Je suis convaincue que les actions A chinoises (les actions domestiques) seront intégrées dans les indices de référence.

 

L’erreur la plus commune concernant les émergents ?

C’est de continuer à penser que les émergents seraient encore très dépendants des investissements direct étrangers, on sous-estime complètement la vigueur de la croissance domestique sur ces marchés.

 

Votre tiercé gagnant en matière de placement ?

D’abord je suis beaucoup investie dans nos propres fonds… parfois mon mari me dit qu’il faut arrêter. Deuxièmement, des valeurs occidentales dans le secteur de la santé qui sont exposées aux marchés émergents. Et enfin de l’immobilier.

 

Si vous n’aviez pas été gérante de fonds ?

Je crois que j’aurais été journaliste : dans notre métier il y a une grande satisfaction intellectuelle à identifier les tendances, à essayer de discerner ce qui est important du bruit ambiant.

FL/SL